On pressentait des annonces fracassantes. Si elles sont confirmées, les solutions du ministère de la Santé pour répondre à la crise des urgences marqueront à coup sûr une rupture. D'après Le Journal du dimanche, Agnès Buzyn annoncera plusieurs mesures d'ampleur lundi après-midi, après avoir reçu les représentants syndicaux :
- La fin des fermetures de lits : la mesure, qui figure au rang des revendications principales des urgentistes en grève, devrait aussi prévoir des réouvertures de lit sous condition. Le budget consacré serait de plusieurs centaines de millions d'euros sur deux ou trois ans. On ignore si la mesure concerne les seules structures d'urgence (UHCD) ou également certains services en aval.
- La fin du paiement à l'acte aux urgences : le système actuel, qui combine un forfait patient (accueil et traitement des urgences : 25,32 euros par patient) et une dotation annuelle partiellement indexée sur l'activité de l'année écoulée (forfait annuel) pourrait laisser la place à un mode de financement entièrement découplé de l'activité, qui reste à préciser.
- Un coup d'arrêt à l'intérim : le recours à l'intérim pèse sur les budgets des hôpitaux, qui se retrouvent à payer 1000 ou 2000 euros une journée de travail d'un médecin urgentiste, et parfois beaucoup plus. Le détail des mesures destinées à mieux encadrer le recours à l'intérim n'est pas encore connu.
- Un numéro unique pour la régulation médicale : une plateforme santé dotée d'un numéro unique accessible 24/24h serait créée pour les demandes de soins d'urgence. On ignore encore son périmètre et notamment si le numéro unique intègrera le SDIS des pompiers et les soins non programmés de ville.
Ces mesures viennent s'ajouter à celles annoncées lundi par la ministre de la Santé en visite au CHU de Poitiers : délégation de tâches aux infirmières des urgences (sutures, radiologie anticipée), création d'IPA "urgences", gestion informatisée des lits d'aval, et plusieurs en lien avec la médecine de ville : vidéo-assistance dans les centres 15 (à destination notamment des Ehpad), instauration du tiers-payant pour les gardes, possibilité de transport sanitaire du Samu vers les structures de ville, biologie délocalisée dans les cabinets. Du côté du collectif Inter-Urgences, on maintient la pression sur la ministre. Dans un entretien au JDD, son président, Hugo Huon, agite la menace de "nouveaux arrêts maladies groupés", estimant qu'Agnès Buzyn "ne négocie pas vraiment". Le collectif tiendra une assemblée générale nationale demain après-midi. Y seront présents plusieurs syndicats et associations de médecins hospitaliers, en vue de constituer une plateforme de revendications communes. [Avec JDD]
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