"Le coup de grâce de l’administratif à la médecine libérale" : Médecins pour demain dézingue la PPL Valletoux

30/05/2023 Par Pauline Machard
L’association s'en prend au texte, qui sera présenté la semaine du 12 juin à l’Assemblée nationale, sur de nombreux points. Pour elle, c’est (très) loin d’être la "solution miracle" telle que présentée, estime-t-elle.  

 

Dans une tribune collective publiée dans les colonnes du Monde vendredi 26 mai, la direction de l’association Médecins pour demain critique la proposition de loi portée par le député Frédéric Valletoux (Horizons), visant à "améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels". Et elle ne mâche pas ses mots : pour elle, c’est "le coup de grâce de l’administratif à la médecine libérale".

Les auteurs déplorent que, contrairement à leurs attentes, ce texte, soutenu par la majorité présidentielle (Renaissance), ne s’attaque pas au trop plein de bureaucratie, n’actant ni de "l’échec des ARS", ni ne mettant en place "une gouvernance décidée par et pour les professionnels de santé en fonction des besoins de chaque territoire". À l’inverse, critiquent-ils, "nous n’aurons pas un, mais deux étages administratifs supplémentaires, selon l’article 1 de la proposition de loi", citant le conseil territorial de santé et les CPTS. La direction de l’association fustige aussi le fait que le même article "entérine le concept de ‘responsabilité collective’" : "Les soignants seront donc ‘responsables’ de l’état de santé de la population, de la permanence et de la continuité des soins, et de la répartition de l’offre de soins sur le territoire". Tandis que les "politiques irresponsables" et leurs "relais administratifs" auront la liberté "de réduire toujours plus les moyens alloués à l’hôpital comme à la ville". De fait, "ils ne seront plus responsables des suppressions d’équipes, des fermetures des lits (...)".  

L’association continue sa critique notamment avec l’article 3, qui rendrait automatique l’adhésion des soignants conventionnés aux CPTS, se demandant si cela est démocratique et déontologique. Puis avec l’article 4 qui vise à rendre effective la participation obligatoire à la permanence des soins pour tous : "C’est oublier que 96% des territoires sont couverts par la permanence des soins, malgré l’absence de repos compensateur pour les libéraux". Pour les auteurs, alors que "27,1% de la profession [en activité régulière] a plus de 60 ans (...) il semble irresponsable d’accorder des gardes sans repos compensateur à nos aînés". Ils estiment que "l’obligation de participation n’aura que l’effet pervers de rendre la médecine libérale encore moins attractive". Les rédacteurs du texte épinglent aussi l’article 7, qui "propose d’interdire l’intérim aux jeunes diplômés". Pour eux, c’est "un comble en période de pénurie !", d’autant que la loi Rist, sur le plafonnement de la rémunération des intérimaires, a déjà "provoqué la fermeture occasionnelle de plusieurs services", soulignent-ils.   

[Avec Le Monde

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