On ne compte plus les déclarations de la ministre de la Santé sur les ondes ou à des tribunes, brocardant ces "mercenaires" hospitaliers, qui profitent d'un "système en tension" pour engranger en une journée, plus que le salaire mensuel d'un ouvrier. Que pourraient bien sous-tendre ces propos aux forts accents populistes ?
Des "mercenaires des hôpitaux", qui toucheraient jusqu'à 3 000 euros la journée quand d'autres, engrangent en une semaine de travail, un salaire de cadre supérieur… Agnès Buzyn a trouvé son punching ball idéal : les médecins intérimaires qui vendent leurs services à prix d'or aux établissements hospitaliers, quitte à plomber encore plus les plannings des services, grevés par les postes non pourvus. Et tant pis pour la sécurité des soins. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, puis sur LCI, la ministre de la Santé a réaffirmé qu'elle tiendrait bon et qu'elle ne cèderait pas face à ces hospitaliers intérimaires repus, malgré leur mot d'ordre de boycott des établissements appliquant le décret plafonnant leurs tarifs. La charge est tellement puissante qu'on se demande ce que cela cache. Une com' pare feu ? Sans doute. Pour occulter quoi ? Le flottement incontestable de l'exécutif, qui en est à son troisième report de la présentation de la loi de réforme de notre système de santé, après le renvoi plus que maladroit , à la rentrée, du grand plan pauvreté, pour cause de demi-finale du mondial de foot… A l'origine de la "bourde de com", Agnès Buzyn aurait été tellement grondée par Emmanuel Macron – dont le surnom de président des riches lui colle à la peau - qu'elle en aurait eu les larmes aux yeux, cafte Le Canard enchaîné… En outre, le projet de loi sur le financement de la dépendance et le cinquième risque, troisième épine dans le pied de la ministre – a bien du mal à sortir de Bercy, empêtré dans de sempiternels arbitrages budgétaires. Quand au projet de loi sur la réforme de la retraite, toujours sous l'égide d'Agnès Buzyn, il commence déjà à mobiliser toutes les forces d'opposition au gouvernement, alors que ce dernier s'emploie très réactivement, au déminage d'un texte qui n'a pas encore vu le jour. On appelle cela un trou d'air. Alors, vite fait, la ministre attache sa ceinture. Et en attendant de dévoiler précisément à quelle sauce l'hôpital public et la ville seront mangés, elle casse du sucre sur les "mercenaires". C'est consensuel dans l'opinion publique alors même que ces praticiens ont été enfantés par un système à bout de souffle, ce dont on ne peut les tenir pour responsables.. Et comme ça ne mange pas de pain...
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