François Braun : toutes les consultations à 50 euros, "ce n’est pas crédible"
Alors que les syndicats de médecins appellent à revoir les tarifs des consultations, le ministre de la Santé a estimé que “tout mettre à 50 euros, comme certains médecins le réclament, non, ce n’est pas crédible !”, lors d’un échange avec des lecteurs du Parisien - Aujourd’hui en France, le 9 novembre dernier. Le sujet a été débattu mercredi 9 novembre, lors des négociations conventionnelles entre les syndicats de médecins et l’Assurance maladie. Mais la séance a finalement été suspendue par Thomas Fatome, directeur de la Cnam. L’urgentiste a aussi été interpellé sur les lapins posés aux médecins par les patients, ne venant pas à leurs rendez-vous programmés. “Il est certain que si l’on mettait bout à bout les 28 millions de rendez-vous gâchés par an, on pourrait soigner davantage les Français”, a-t-il assuré. Un médecin avait été sanctionné pour avoir facturé à ses patients le fait de ne pas venir en consultation programmée. Mais selon le ministre “pénaliser est délicat”. Il souhaite trouver un “équilibre entre sanctionner et responsabiliser” les patients. Il a exprimé sa volonté de vouloir travailler avec les associations de patients pour trouver une solution.
“Ce que je veux, c’est transformer le système [hospitalier, ndlr] : renforcer des unités de soins, promouvoir la progression des carrières”, a résumé François Braun. Conscient du réel problème au sein des hôpitaux, le ministre de la Santé a rappelé les solutions qu’il a trouvées pour mettre un terme à la crise de l’hôpital et aux démissions à répétitions. “Un médecin passe 50% de son temps à faire autre chose que s’occuper des malades. Je veux faire disparaître ces tâches bureaucratiques inutiles.” Les urgences sont saturées et notamment par des personnes âgées, condamnées à attendre sur des brancards. “Il existe des parcours de soins spécifiques mais ils ne sont pas respectés. Il faut faire en sorte qu’ils soient appliqués”, a affirmé le ministre. Pour lui, un tel manque de personnel est “dramatique”. Il a assuré “œuvrer pour y remédier”, en rappelant la baisse de fréquentation de 6% dans les urgences pendant cet été. “On a réussi grâce à l’appel au 15 avant de se déplacer, et parce que la médecine de ville s’est organisée. C’est donc possible, il faut continuer”, a-t-il poursuivi. Autre revendication des soignants : le salaire. Malgré une augmentation de 180 euros net pour les infirmières, François Braun a admis qu’il est possible “d’aller plus loin”. “Si on regarde les chiffres bruts, il est vrai que le salaire des infirmières est l’un des plus bas de l’OCDE, mais il faut le comparer au coût de la vie. La rémunération des soignants est un des éléments de lutte contre la perte de sens, mais il n’est pas le plus important.” Le ministre de la Santé souhaite également mieux indemniser le travail de nuit.
Parmi les lecteurs, se trouvait Alexandre, étudiant en médecine qui n’a pas manqué d'interpeller le ministre sur la question de la rémunération des carabins. Il assure gagner entre 200 et 300 euros par mois, gardes comprises. Le ministre de la Santé juge ce système “anormal”. “Mon boulot, c’est trouver un juste équilibre entre les comptes publics et la lutte contre une indécence des salaires. Je veux des professionnels de santé mieux traités, et des patients mieux soignés”, a-t-il répondu. Autre problématique touchant les étudiants en médecine : leur conditions de travail et leur charge mentale. Le ministre regrette que “certains établissements ne respectent pas le cadre réglementaire de leur temps de travail. Il y a des déviances et cela est anormal”. Le ministre veut “engager un travail sur la prévention de la santé des étudiants ainsi que sur leurs conditions de travail.” François Braun est également revenu sur la quatrième année d'internat de médecine générale, passée de force via le 49.3 par le Gouvernement. Il déclare ne jamais avoir eu l’intention de contraindre les étudiants à s’installer dans un territoire qu’ils n’ont pas souhaité. “Je suis pour l’incitation, avec une aide à l’installation. Je suis hostile à la coercition. [...] Je ne remettrai pas en cause mes convictions. Mais, nous devons nous assurer de l’accès aux soins, notamment pour les personnes âgées.” Une grande mobilisation nationale aura lieu le jeudi 17 novembre prochain. Les internes prêts à lancer un appel à la grève illimitée contre la quatrième année de médecine générale Alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 n’a pas recueilli les attentes du ministre (seulement 10% de personnes ont été vaccinées), François Braun a rappelé l’importance de continuer à respecter les gestes barrières : “on doit continuer à s’isoler, cette règle n’est pas remise en cause”. “Les gestes barrière et la vaccination sont nos armes contre le Covid mais aussi la grippe ou la bronchiolite en ce moment”, a-t-il affirmé. Il a également donné le chiffre d’une personne qui meurt du Covid toutes les dix minutes, un chiffre démenti par le journal Libération. Le ministre qui ne souhaite pas renfiler sa blouse après son passage au ministère rappelle en fin d’entretien : “j’ai deux objectifs : la refondation du système de santé et faire que la prévention entre dans le quotidien des Français. Si j’ai réussi cela, j’aurais fait le job” [avec Le Parisien]
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