La lutte effrénée des États-Unis et de la Chine sur la scène géopolitique et commerciale a des répercussions jusque dans le milieu de la recherche. C'est la conclusion d'une enquête du magazine américain Bloomberg Businessweek, qui se penche sur la chasse aux sorcières que livrent le FBI et les NIH (l'équivalent de l'Inserm) au sein des organismes de recherche en santé du pays. Le cas emblématique est celui de Wifeng Wu. Cette épidémiologiste de premier plan, directrice de recherche au prestigieux MD Anderson Cancer Center de l'université du Texas, a démissionné de son poste après une enquête déclenchée par son institut sur impulsion du FBI. Cette Chinoise naturalisée américaine, en poste depuis 27 ans, n'est pas un cas isolé : au moins trois autres chercheurs liés à la Chine ont dû quitter le centre depuis le début de l'année, et des investigations sont toujours en cours. Le cas du MD Anderson Cancer Center est à rapprocher de l'université Emory, qui a licencié deux chercheurs sino-américains en mai. D'autres universités semblent avoir fait l'objet d'enquêtes du FBI, sans que celles-ci aient nécessairement été suivies d'effet, du moins publiquement. Yale, Stanford et Berkeley, parmi d'autres, ont publié des lettres ouvertes en soutien à leurs chercheurs chinois ou d'origine chinoise pour protester contre ce climat de suspicion. Que se passe-t-il dans la recherche américaine ? L'espionnage économique est une grande spécialité chinoise, et le vol de brevets aux entreprises occidentales est toujours allé bon train. Mais l'antagonisme entre les États-Unis et la Chine a pris un tour frénétique ces dernières années et le FBI semble désormais appliquer à la recherche en santé des règles autrefois réservées à l'industrie et la défense : protéger la propriété intellectuelle à tout prix et investiguer toute activité suspecte liée à l'étranger.
Comme un climat de guerre froide Une telle attitude est-elle compatible avec la recherche en cancérologie, certes de plus en plus concurrentielle, mais aussi extrêmement mondialisée et qui a vocation à profiter à tous ? Les enjeux économiques certains ne risquent-ils pas d'étouffer les objectifs de santé publique ? Le sujet fait débat dans le monde académique, où les chercheurs chinois ou d'origine chinoise sont nombreux. En ce qui concerne Wifeng Wu, les charges semblent en tout cas plutôt légères. Bloomberg Businessweek, qui a mis la main sur le rapport d'enquête du MD Anderson Cancer Center, révèle que la chercheuse est accusée d'avoir diffusé des demandes de subvention auprès de collègues américains et de n'avoir pas déclaré l'ensemble de ses collaborations en Chine. Après avoir refusé de collaborer à l'investigation, l'épidémiologiste a fait l'objet d'une mise à pied conservatoire puis décidé de quitter l'institution le 15 janvier dernier. Elle dirige désormais l'école de santé publique de l'université de Shanghai. Pour lire l'article de Bloomberg Businessweek
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