L'hydroxychloroquine responsable de 17 000 décès durant la première vague du Covid, d'après une étude
16 990. C'est le nombre de décès survenus dans six pays du monde lors de la première vague de Covid, entre mars et juillet 2020, qui seraient liés à la prise d'hydroxychloroquine, estime une étude publiée mardi dans la revue Biomedicine and Pharmacotherapy. Les auteurs, chercheurs au CHU de Lyon, avaient présenté les résultats de leurs travaux en juin dernier au congrès de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique. La publication de cette estimation fait aujourd'hui grand bruit. Dans le détail, cette étude indique que l'hydroxychloroquine aurait causé la mort de 240 personnes hospitalisées en Belgique, 95 en Turquie, 199 en France, 1822 en Italie, 1895 en Espagne et 12 739 aux Etats-Unis. Pour parvenir à ces chiffres, les auteurs se sont notamment basés sur une métanalyse parue en 2020 dans Nature, qui montrait que l'hydroxychloroquine était associée à une augmentation de 11% du taux de mortalité chez des patients hospitalisés pour Covid. L'équipe a ensuite analysé les données publiques de ces six pays pour obtenir et comparer le taux de prescription d'hydroxychloroquine chez les patients hospitalisés pour Covid et la mortalité hospitalière. "En appliquant le taux de 11% aux données obtenues, il a ainsi été possible d'estimer le nombre de décès attribuables à l'hydroxychloroquine individuellement par pays", expliquait le Pr Jean-Christophe Lega lors du congrès de la SFPT, cité par Le Figaro. "C'est un scandale depuis le début cette hydroxychloroquine. On sait depuis mars 2020 que ce n'est pas efficace", a commenté le Pr Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie du CHU de Bordeaux, joint par LCI. Le professeur, également membre de la SFPT, s'était à plusieurs reprises élevé contre les prises de position du Pr Didier Raoult, qui a fait la promotion de ce traitement, "soi-disant miracle". "Il y a eu beaucoup de surmédiatisation de ce traitement", a-t-il déploré. Pour le Pr Molimard, ce chiffre de 17 000 morts est par ailleurs "très sous-estimé" car l'étude lyonnaise ne tient pas compte des patients sous HCQ morts d'un arrêt cardiaque en ville, et ne s'est pas penchée sur les décès survenus en Inde et au Brésil, deux "prescripteurs importants d'hydroxychloroquine". Et puis, l'analyse ne porte que sur la période de la première vague, jusqu'en juillet 2020. "On est probablement plutôt à plusieurs centaines de milliers de morts en excès liés à l'hydroxychloroquine."
"Depuis mars 2020, on sait que l'hydroxychloroquine n'est pas efficace. Sur les premiers mois de traitement, on a eu 8 arrêts cardiaques déclarés. Ce chiffre de 17.000 morts est sans doute très sous estimé"
— LCI (@LCI) January 4, 2024
Pr Mathieu Molimard, chef du service pharmacologie du CHU de Bordeaux pic.twitter.com/cuqf6amhE3
"Ces résultats illustrent le danger de la réutilisation des médicaments avec un faible niveau de preuves", écrivent les auteurs, qui notent que leur étude a montré "une proportion élevée de prescriptions d'HCQ même dans les pays qui ont restreint son utilisation". En France, le taux de prescription sur la période était de 16% contre 84% en Espagne, d'après l'étude. "Ce résultat plaide en faveur d’une réglementation stricte de l’accès aux prescriptions hors AMM lors de futures pandémies", ajoutent-ils. [avec Le Figaro et LCI]
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