Médecins étrangers, SAS, doublement de la franchise...ce qu’il faut retenir des annonces de Macron
Devant plus de 8,7 millions de téléspectateurs, et pendant près de 2h30, Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse ce mardi 16 janvier, lors de laquelle il a répondu aux questions des journalistes. Un exercice rare pour le Président de la République, qui lui a permis de dévoiler quelques mesures, concernant notamment la santé.
- Régularisation des médecins étrangers
Si l’enjeux des déserts médicaux semble au cœur de son mandat, le chef de l’Etat a fait plusieurs annonces “pour mettre fin au scandale”. Emmanuel Macron a tout d’abord indiqué vouloir “régulariser le nombre de médecins étrangers, qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soin et que nous laissons dans une précarité administrative qui est complètement inefficace”. Selon plusieurs syndicats hospitaliers, ces praticiens diplômés hors de l'Union européenne (Padhue) représentent un quart des médecins hospitaliers. Le Syndicat national des Padhue (Snpadhue) alerte notamment depuis quelques mois sur l’épreuve de vérification des connaissances (EVC), maintenant obligatoire pour pouvoir exercer. De nombreux médecins ont échoué et se sont retrouvés “en rupture de contrat”. Plusieurs syndicats estiment également que 2 000 padhue se retrouvent dans une situation instable, où ils doivent repasser l’examen afin d'obtenir “une autorisation d’exercice limitée”. Un rassemblement est prévu à ce sujet, ce jeudi 18 janvier devant le ministère de la Santé. Sur X (anciennement Twitter), le député LR, Yannick Neuder, également médecin, écrit : “Régulariser des médecins étrangers, formés ailleurs, tout en recalant chaque année des milliers d’étudiants français motivés ? C’est un non sens !” Il propose plutôt de former davantage “de médecins en France plutôt que d’en prendre à des pays qui en ont fortement besoin. Stop au numerus apertus !”
Régulariser des médecins étrangers, formés ailleurs, tout en recalant chaque année des milliers d’étudiants Français motivés ? C’est un non sens !
— Dr. Yannick Neuder (@yannickneuder) January 16, 2024
Formons plus de médecins en France plutôt que d’en prendre à des pays qui en ont fortement besoin.
Stop au numerus apertus ! https://t.co/W3Ui6he4BJ
- Coordination plus simple entre professionnels de santé
Le Président de la République a rappelé à plusieurs reprises lors de la conférence de presse qu’il souhaite une “coordination plus simple” entre la ville et l’hôpital. Il a rappelé la nécessité de redonner du temps médical aux médecins, notamment en délégant certains actes aux paramédicaux, afin de “débureaucratiser” la santé et de permettre aux médecins de “voir plus de patients”. Dans un communiqué, l’Union française pour une médecine libre (UFML-s) écrit que “l’amélioration de l’accès aux soins ne doit pas passer par une restriction" du temps médical pour voir plus de patients. Le syndicat plaide au contraire pour plus de médecins auprès des malades, afin de permettre "à la fois à plus de patients de bénéficier d’un accès au soin et d’augmenter le temps de soin nécessaire à une médecine de qualité". "Pendant très longtemps, pour mieux maîtriser les coûts, on a créé des administrations fortes au national et en régions. [...] Il faut plutôt qu'on mette ces services en soutien des équipes de santé dans les bassins de vie pour les accompagner à trouver des solutions", a affirmé le chef de l’Etat, en ajoutant la nécessité d’”une feuille de route de santé qui va inclure l’hôpital, la clinique, le paramédical…” dans chacun de ces “bassins de vie”.
- Augmenter le nombre de MSP
Emmanuel Macron a rappelé l’objectif qu’il s’était fixé au début de son premier quinquennat, soit la présence de 4 000 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) d’ici 2027 sur le territoire. Fin 2021, la France comptait plus de 2 000 MSP, le Président de la République a indiqué vouloir que ce chiffre “double” avant la fin de son mandat.
- Doublement de la franchise médicale
Interrogé sur le doublement des franchises médicales, le Président de la République a indiqué que c’était une “bonne mesure” de responsabilisation des assurés sociaux. "Dire qu'on va passer de 0,50 euro à 1 euro par boîte de médicaments, franchement cela ne me choque pas quand je vois ce que coûte beaucoup d'autres éléments de la vie quotidienne qui sont moins importants que le médicament [...]. Je n'ai pas le sentiment qu'on fait un crime terrible", a-t-il admis. "La médecine, le soin, les médicaments, ça ne coûte pas rien" a-t-il ajouté, en précisant que le système de protection sociale "prend déjà beaucoup en charge, quasiment tout". Cette mesure permettrait de rapporter quelque 800 millions d’euros. L’UFML-s dénonce un “doublement des franchises qui est inégalitaire et non éthique”. De son côté France asso Santé évoque une “taxe” qui prend la forme d’une “sanction” pour les malades. En revanche, pour les patients en ALD, le Président rappelle la présence du plafond de “50 euros par an”.
- Généralisation du SAS
Concernant les soins non programmés, Emmanuel Macron a rappelé que 70% du territoire était couvert par le service d’accès aux soins (SAS). “On était à zéro il y a deux ans, on va essayer de monter à 100% cette année”, espère-t-il, en manifestant son souhait de “généraliser le SAS”.
- Un plan national de lutte contre l’infertilité
Alors que la natalité est en baisse cette année, avec 678 000 bébés nés en 2023, soit 6,6% de moins qu’en 2022, Emmanuel Macron a évoqué le problème d’”infertilité”, qui touche de nombreux couples en France, qu’il considère comme le “tabou du siècle”. Aujourd’hui, un couple sur quatre (3,3 millions de Français) qui souhaite avoir un enfant est touché par l’infertilité. Le Président de la République a alors annoncé un “grand plan de lutte” pour permettre “un réarmement démographique”.
- Mise en place d’un congé de naissance
Après avoir allongé le congé de paternité, le Président souhaite “la mise en place d'un nouveau congé de naissance, a déclaré le chef de l’Etat. Ce serait un élément utile.” Cette nouvelle mesure permettra de “remplacer le congé parental actuel”. Emmanuel Macron a reconnu que ce dernier était “extrêmement peu et mal rémunéré” (429 euros par mois). Le congé de naissance qu’il propose permettra ainsi une meilleure rémunération. Il permettra également “aux deux parents d'être auprès de leur enfant pendant six mois s'ils le souhaitent”, alors que le congé parental actuel peut aller jusqu’à trois ans.
- Une restriction des écrans pour les plus jeunes
En avril, Santé publique France publiait une première étude qui dévoilait les chiffres de l’exposition aux écrans des enfants. Elle révélait qu’en moyenne un enfant de 2 ans passe 56 minutes par jour devant un écran. "Il faut qu'on ait un consensus scientifique, que les scientifiques commencent à nous donner un plan et qu'on éclaire un débat public, qui viendra ensuite. Et donc il y aura peut-être des interdictions. Il y aura peut-être des restrictions" et "peut-être aussi des restrictions sur les contenus", a indiqué le Président qui précise avoir réuni la semaine dernière plusieurs experts pour évoquer ce sujet. Des travaux sont attendus pour “fin mars” afin de déterminer avant quel âge, mettre un enfant devant un écran n’est pas raisonnable. Ce sujet "est très important pour la solidité de nos démocraties parce que si on a des adolescents et des futurs citoyens dont le rapport à la vérité a été mal bâti, en tout cas construit sur des réseaux sociaux où la différence entre la vérité et la contre-vérité n'était pas claire, bonjour la génération des complotistes", a-t-il poursuivi. Le chef de l’Etat a notamment rappelé les mesures déjà mises en place, comme l’interdiction du portable au collège, ou l’obligation d’installer un dispositif de contrôle parental sur les smartphones, ordinateurs, télévisions ou consoles de jeu, qui sont sur le marché français. [Avec AFP]
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