
Ménopause : le Gouvernement annonce la création d'une consultation dédiée "pour chaque femme"
Dans la foulée de la remise du rapport sur la ménopause de Stéphanie Rist, mercredi 9 avril, le Gouvernement a annoncé mettre en œuvre plusieurs de ses recommandations, notamment la création d'une consultation dédiée "pour chaque femme".

"C'est un commencement, il va falloir une volonté politique, et une volonté de tous. Il ne tient qu'à nous de sortir de ce tabou [de la ménopause]", déclarait, ce mercredi 9 avril, la députée Stéphanie Rist (Ensemble pour la République), lors de la remise de son rapport sur le sujet au Gouvernement. S'ils n'ont pu être présents, ayant été retenus en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale pour discuter des textes sur les soins palliatifs et la fin de vie, Catherine Vautrin et Yannick Neuder ont tenu à répondre à cet appel à l'action.
Dans un communiqué de presse, diffusé en fin de journée mercredi, le binôme à la tête de la Santé ainsi qu'Aurore Bergé, ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, saluent la "qualité" du rapport de la députée-médecin du Loiret. Ce document de plus de 500 pages formule 25 recommandations "pragmatiques, chiffrées, et applicables dans un horizon de deux ans", avec l'objectif de garantir une prise en charge adaptée de la ménopause.
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La ménopause, qui concerne 17,2 millions de Françaises, "doit devenir un véritable enjeu de santé publique", écrivent les trois ministres. "Trop longtemps tabou" et "parfois source de stigmatisation", elle doit être mieux reconnue "au sein de notre système de santé et dans notre société".
Les ministres annoncent ainsi quatre priorités pour accompagner les femmes en prévention de la ménopause, reprenant à leur compte certaines recommandations de Stéphanie Rist, qui a travaillé avec l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). D'abord, la mise en place d'une consultation dédiée à la ménopause "pour chaque femme", et ce "dès les premiers signes", aux alentours de 45 ans. Cette consultation devra être conduite par un généraliste, un gynécologue ou une sage-femme.
"Cette mesure permettra un accompagnement personnalisé, intégrant les dimensions gynécologique, cardiovasculaire et ostéo-articulaire de cette étape de vie", soulignent les ministres. Et de rappeler qu'elle s'inscrit pleinement dans les ambitions portées par le président de la République. En mai dernier, le chef de l'Etat avait annoncé une mission parlementaire afin de dresser un état des lieux de la prise en charge actuelle de la ménopause, et dont Stéphanie Rist a hérité.
Parce que notre société doit, selon la députée-rhumatologue, opérer "un changement culturel", le Gouvernement entend également renforcer l'information dès le plus jeune âge via des programmes éducatifs en lien avec le ministère de l'Education nationale. Il s'appuiera pour cela sur des associations reconnues. "La ménopause ne doit plus être un angle mort de la santé des femmes", insistent Catherine Vautrin, Yannick Neuder et Aurore Bergé.
Soutenir la recherche médicale
Le Gouvernement s'engage, par ailleurs, à soutenir la recherche médicale, en faisant de la ménopause une "thématique prioritaire" dans les appels à projets de recherche pilotés par le ministère de la Santé. Il s'agit d'une "dynamique essentielle pour faire progresser les connaissances scientifiques et garantir des soins adaptés et fondés sur les dernières données disponibles". Enfin, il tient à améliorer les conditions de travail des femmes concernées par la ménopause, et de mieux les adapter, notamment en cas de symptômes. Cela passera par l'intégration de la ménopause dans les visites médicales de mi-carrière (à 45 ans). Une étude économique va également être commandée à France stratégie pour "mesurer les impacts de la ménopause sur l'activité professionnelle des femmes".
Dans le volet dédié à la prise en charge sanitaire de la ménopause de son rapport, Stéphanie Rist formule d'autres recommandations pour mettre fin aux lacunes actuelles, notamment le renforcement de la formation initiale et continue des médecins. Car à ce jour, "à l'exception des gynécologues médicaux et de médecins généralistes spécifiquement formés, très peu de professionnels sont convenablement informés aux différentes recommandations sur la prise en charge – médicamenteuse ou non – de la ménopause", lit-on.
Pour lutter contre les "fortes inégalités territoriales et sociales" de prise en charge de la ménopause, elle se dit favorable à ce que les sages-femmes puissent prescrire le traitement hormonal de la ménopause (THM) "pour les cas non complexes", et suggère d'étudier la possibilité pour les kinésithérapeutes de prescrire des traitements locaux non hormonaux, ainsi que la faisabilité d'un remboursement d'une consultation unique chez le diététicien au moment de la ménopause. En 2024, seules 2,5% de femmes (de 45 ans et plus) ont acheté un traitement hormonal.
Elle soutient, par ailleurs, l'actualisation des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui devront porter sur les traitements hormonaux et aborder les compléments alimentaires et dispositifs médicaux, et sur la base desquelles devront être formés les professionnels de santé. Celles-ci devraient intervenir "d'ici mi-2026", a précisé à l'AFP son président, le Pr Lionel Collet.
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