En France, le surpoids concerne près d'un adulte sur deux (49%) et un sur six est en situation d’obésité (17 %). Et chez les enfants, ce sont 17 % des 6-17 ans qui sont en surpoids et 4% obèses. Ces pathologies sont, en outre, caractérisées par d’importantes inégalités sociétales, avec une prévalence multipliée par 4 parmi les populations défavorisées, et ce, de façon encore plus marquée chez les femmes. La journée mondiale qui est consacrée à l’obésité, ce 4 mars, est donc l’occasion de mettre l’accent sur cette maladie d’un point de vue médical - depuis sa prévention jusqu’à sa prise en charge – mais aussi sur le plan sociétal, avec un thème fort qui est la lutte contre la stigmatisation. L’obésité est une "maladie à part entière", a rappelé le Pr Pierre-Louis Druais, médecin généraliste, et vice-président de la commission recommandations, pertinence, parcours et indicateurs (CRPPI) de la HAS. Il convient donc de "la gérer comme telle". Et, outre les conséquences sur la santé physique de la personne, l’obésité a un impact majeur sur le plan psychosocial. L’attitude du médecin, comme de tous les professionnels de santé, est donc fondamentale. Il ne doit "pas porter de jugement", mais "adopter une position neutre". "Nous le savons, un simple regard peut parfois affecter la relation médecin-patient, tout comme le choix des mots et l’environnement dans lequel il est reçu, constate aussi le Pr Collet, président de la HAS. Il est essentiel d’adopter une posture de non-jugement et d’écoute vis-à-vis des personnes en surpoids ou en obésité, je pense en particulier aux adolescents. L’engagement des patients dans leur prise en charge en dépend." Pour améliorer la prise en charge de cette pathologie, la HAS a complété ses travaux sur l’obésité en incluant de nouvelles recommandations, en particulier sur la prise en charge pré et post chirurgie bariatrique dans le cadre du parcours de soins. La prévention des situations de stigmatisation et d’autostigmatisation entre aussi dans ce parcours. L’objectif est d’améliorer la prévention et de personnaliser les soins et l’accompagnement des personnes. "Cela passe notamment par le juste enchaînement des soins, au bon moment et par les bons professionnels", détaille la HAS, qui précise que ces travaux s’adressent à tous les professionnels impliqués, mais également aux ARS chargées de l’animation de la filière obésité sur le territoire. Une prise en charge centrée sur le patient Le Pr Druais insiste : "La démarche doit être centrée patient, et non pas maladie. Car c’est lui l’acteur de sa perte de poids". La prise en charge, qui se construit sur le long terme, peut se résumer en quatre actions, les 4D : dépister, diagnostiquer, discuter, et décider ensemble. Ainsi, toute consultation ou événement doit être l’occasion d’un dépistage de l’obésité. Il faudra ensuite choisir les "bons mots" pour nommer la pathologie. Il s’agira ensuite d’identifier les moyens qu’il sera possible de mettre en œuvre, de repérer les obstacles, les comorbidités, les facteurs de risques cardiovasculaires, un trouble musculosquelettique, etc. Le plan de soins devra ensuite être construit ensemble avec le patient, étape par étape. La démarche est globale, médicale et psychosociale. Le médecin s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire : diététicien, infirmier, professionnel de l’activité physique adaptée, psychologue, travailleur social... Il a un "rôle de chef d’orchestre ou de coordinateur" résume le Pr Druais. En particulier, "des séances d’éducation thérapeutique animées par des professionnels de santé et des patients-ressources peuvent être proposées dès le diagnostic du surpoids ou de l’obésité", ajoute la HAS. Mieux accompagner la chirurgie bariatrique Dans les cas complexes, le patient sera orienté vers un spécialiste, une structure hospitalière, ou un centre spécialisé de l’obésité (CSO). Mais, même en cas de chirurgie bariatrique, le médecin généraliste reste "le coordonnateur et assure le suivi de son patient à chaque étape du parcours", insiste la HAS. En 2022, il y a eu 40 000 interventions de chirurgie bariatrique pratiquées en France. Mais cette chirurgie doit rester une solution de dernier recours, et ne doit pas être pratiquée chez l'enfant sauf cas exceptionnel. "Il faut accompagner les patients. Cela se construit, il faut du temps. Selon moi, un délai de préparation minimum de 6 mois est nécessaire pour mettre en place une chirurgie", considère le Pr Pierre-Louis Druais. Il apparait nécessaire de renforcer cet accompagnement car la proportion de perdus de vue est majeure. Ainsi, deux ans après une intervention de chirurgie bariatrique, près de 1 patient sur 2 est en rupture de soins.
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