Pénuries de médicaments : "renforcement" des sanctions contre les industriels

20/09/2019 Par Marion Jort
Médicaments
Le Premier ministre a convoqué jeudi plusieurs laboratoires pour faire face à la pénurie de médicaments, et les menace de sanctions s’ils ne gèrent pas mieux leurs stocks. 

  Pour faire face aux difficultés d’approvisionnement de médicaments ces dernières années, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé jeudi lors d’une réunion le "renforcement d'un certain nombre de sanctions” qui pourront aller jusqu'à un million d'euros contre les laboratoires qui n'anticipent pas assez les pénuries.  Ces sanctions pourront s’appliquer “lorsque l'information de l'agence nationale n'est pas suffisante, lorsqu'elle est trop tardive ou lorsque la constitution de stocks n'est pas à la hauteur de l'exigence et de l'intérêt que nous décelons". Elles seront introduites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2020.   La nécessité d’un comportement exemplaire     Après avoir reçu une délégation d’entreprises du secteur du médicament (Leem), Édouard Philippe a également souligné "la nécessité d'avoir un comportement exemplaire", évoquant un "sujet difficile et qui suscite des inquiétudes du côté des Français". La ministre de la Santé Agnès Buzyn a, de son côté, détaillé les trois cas pour lesquels des sanctions seront prévues et qui figureront dans le PLFSS 2020. Les industriels devront désormais "augmenter la durée des stocks disponibles sur le territoire national pour pallier d'éventuelles pénuries" s'il s'agit de "médicaments d'intérêt thérapeutique majeur ou qui n'ont pas d'alternative". Sur Twitter, Edouard Philippe a également précisé que pour ces médicaments, "deux à quatre mois de stock de sécurité obligatoire" seront requis.

Des sanctions seront également prévues en cas d'arrêt de commercialisation s'ils n'ont "pas suffisamment prévenu à l'avance l'agence du médicament" ou s'ils n'ont "pas préparé suffisamment à l'avance des alternatives". Enfin, ils devront éviter des "défaillances dans la gestion des risques". Matignon a ensuite précisé qu'en cas de rupture, l'entreprise pourra se voir appliquer une sanction pour chaque jour de rupture pouvant aller jusqu'à un maximum de 30% du chiffre d'affaires journalier moyen réalisé en France, dans la limite de 10% du chiffre d'affaires annuel ou 1 million d'euros.

Les tensions d'approvisionnement des médicaments se sont amplifiées ces dernières années, en raison de multiples facteurs : hausse de la demande mondiale, prix de vente de certains traitements jugés peu attrayants par les laboratoires ou les intermédiaires mais aussi politique de "flux tendu" visant à limiter les stocks, forte concentration des sites de production, parfois situés à grande distance, en Inde ou en Chine... Selon une enquête publiée en janvier par France Assos Santé, un quart des Français s'est déjà vu refuser la délivrance d'un médicament ou d'un vaccin pour cause de pénurie. Et selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les signalements de tensions d'approvisionnement ont été multipliés par 20 en 10 ans, pour atteindre 868 cas en 2018.   Doutes des professionnels Réagissant à l'annonce de ce plan, Frédéric Collet, le président du Leem, a souligné qu'il y avait "déjà des sanctions, notamment sur l'information qui doit être donnée". "La France fait partie des pays dont le cadre réglementaire autour de la disponibilité des médicaments est le plus large. Nous bénéficions déjà d'un arsenal très complet. Je ne suis pas sûr que de nouvelles sanctions amélioreraient la situation", a-t-il déclaré à l'AFP. "Lorsque l'on parle de sanctions supplémentaires, il faut comprendre de quoi il s'agit et surtout comprendre si elles viennent contribuer à résoudre une situation ou au contraire potentiellement à la rendre plus complexe", a commenté Frédéric Collet. Pour lui, il s'agit d'un phénomène "qui implique un grand nombre d'acteurs divers. Les industriels et fabricants de médicaments prennent leur part pour tout ce qui les concerne, mais nous ne sommes pas les seuls acteurs de cette chaîne".

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

Non

Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus

1 débatteur en ligne1 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6