Pour Gabriel Bordier, le sport, c’est une “passion”. Une passion assez forte pour mener ce jeune étudiant en sixième année de médecine jusqu’aux Jeux olympiques de Tokyo, qui débutent ce vendredi. Spécialiste du 20 kilomètres marche, le carabin a décroché sa qualification en octobre 2019 en parcourant la distance en moins de 1’21’00 minutes. Le record olympique de la discipline est détenu aujourd’hui par le chinois Chen Ding, à 1’18’46.
C’est au lycée que Gabriel, triple champion de France, a commencé, selon lui, à “avoir un bon niveau en athlé”. “J’ai fait mes premiers championnats de France en terminale”, se souvient le jeune homme, âgé de 23 ans. Alors qu’il progresse au fur et à mesure des années, son envie de se lancer dans les études de médecine se renforce. Ce fils d’infirmière a été bercé, pendant son enfance, par le milieu médical. “Avec le sport, c’était plutôt complémentaire”, estime-t-il. Gabriel est aussi attiré par le challenge de la Paces. “Je crois que, comme pour la compétition, le défi de réussir mon année m’a plu”, sourit-il.
Un emploi du temps aménagé
Défi relevé, il réussit sa Paces du premier coup. S’il avait laissé le sport un peu de côté pendant l’année du concours, il retrouve la piste dès sa deuxième année de médecine. “On ne peut jamais tout réussir à 100% en se dispersant”, pense Gabriel qui assume aujourd’hui d’avoir fait cette année de “freinage”. A la rentrée de la deuxième année, il s’organise pour pouvoir participer aux championnats du monde pour les moins de 20 ans. “J’ai continué les deux, le sport et les études, en parallèle. J’ai eu la chance d’avoir une faculté qui m’a accordé des aménagements”, explique-t-il. Étudiant à Angers, la faculté de médecine angevine lui a, en effet, permis de ne pas réaliser les examens en contrôle continu, de ne pas assister à certains cours dont la présence était normalement obligatoire. “Par exemple, je me concentrais uniquement sur les examens de fin de semestre et je travaillais mes cours à côté”, détaille Gabriel.
Avec les Jeux en ligne de mire, le carabin décide, en 2019, de diviser sa...
cinquième année de médecine en deux. “Grâce à ma fac, j’avais aménagé ma cinquième année sur deux ans pour faire en sorte d’être libéré tout le deuxième semestre et avoir du temps pour m’entraîner à fond dès février avant les JO.” Mais au printemps 2020, l’épidémie de Covid se propage partout dans le monde et contraint les organisateurs à décaler la compétition à 2021. “Ça a modifié mes plans”, plaisante-t-il aujourd’hui.
“Le point positif, c’est que ça m'a permis d’avoir du temps supplémentaire pour bosser mes ECN, mais c’était prévu. Mais ça m’a aussi permis de me préparer et de m'entraîner plus pour les JO”, philosophe-t-il. Une préparation bien venue car cette année, Gabriel ne relève pas un défi, mais deux : quelques semaines avant les jeux, le carabin a, en effet, concouru aux ECNi, comme 9.547 autres externes de France.
Calendrier bousculé
"Ça m'a fait une année plus chargée que prévu. C’est comme ça, il faut l’accepter. Je ne me voyais pas redoubler ma sixième année, les études sont déjà bien assez longues”, précise l’étudiant. Lors du premier confinement, alors qu’il devait normalement s’entraîner intensément, le jeune homme a donc fait le choix de retourner en stage. “J’ai effectivement été libéré en février 2020, mais au bout de deux ou trois semaines, je commençais à m’ennuyer. Je ne pouvais pas m’entraîner car je n’avais pas forcément d’objectif et de concours. Donc j’ai envoyé un mail à ma fac. J’étais en gériatrie au stage précédent, ils m’y ont remis.”
Pour ne pas perdre le rythme, il s’entraîne malgré tout comme il peut, au cabinet de son kiné. Dès l’été, il bénéficie de dérogations et reprend l’entraînement. A la rentrée, il choisit de prendre une prépa ECNi, même si ses cours de la fac sont déjà complets. “Je crois que l’esprit de compétition a pris le dessus toute l’année”, analyse-t-il. Gabriel estime qu’il n’a rien changé de particulier dans son fonctionnement depuis le début des études de médecine pour réussir ce double challenge. “J’ai travaillé régulièrement, comme je l’ai toujours fait”, assure l’étudiant.
Régulièrement… Et de manière millimétrée. En stage à mi-temps toute l’année, il travaillait à l’hôpital de 9h à 13h. En rentrant chez lui, il travaillait “une heure ou deux”, avant de partir s’entraîner, puis de travailler à nouveau entre deux et quatre heures le soir. Côté sport, il alternait entre du fractionné, de l’endurance, deux séances de marche cinq fois par semaine, deux séances de musculation et ou un deux footings. A quelques semaines des ECNi, il part même s'entraîner dans les Pyrénées pour les JO avec son coach. “Ce n’était peut-être pas la meilleure idée, car ça m’a bien fatigué”, rit-il. “Mais finalement, ça ne s’est pas trop mal passé.”
Effectivement, le jeune sportif se classe...
552ème aux ECNi. S’il n’a pas vraiment eu le temps de fêter ses résultats, Gabriel pense choisir la rhumatologie. “Je suis passé en rhumato en stage cet hiver et ça m’a beaucoup plu. C’est varié : il y a de l’inflammatoire, de l’infectieux, de la traumato, du tumoral… Tout m’intéresse un peu, j’aurais pu faire n’importe quoi d’autres”, reconnaît-il. Il pense également à une possible FST de médecine du sport, mais préfère “se laisser le temps”.
Protocole sanitaire strict pour participer aux JO
En attendant, avant de réaliser sa procédure de choix de spécialité, le jeune homme s’est envolé vers le Japon, direction l’île d'Hokkaido, située au Nord du pays, où se déroule l’épreuve. Loin d’être stressé, il ne s’est pas fixé d’objectif particulier, si ce n’est celui de se préparer et de gagner en expérience en vue des JO de Paris 2024. “A Paris, mon objectif sera par contre assez clair : ce sera sûrement d’aller chercher une médaille”, annonce le jeune homme, sur un ton déterminé.
L’objectif de la course ne l’inquiète pas, mais les mesures sanitaires, elles, sont bien une source de soucis. Le protocole fixé par les organisateurs est strict : avant de partir, les sportifs devaient prendre leur température tous les jours, noter leurs symptômes s’il y en ont. “On a aussi eu à faire trois tests PCR dans des laboratoires prédéfinis par les Japonais", ajoute Gabriel. Sur place, tous les athlètes doivent installer une application de géolocalisation activée par Bluetooth, et prendre à nouveau leur température tous les jours. “Une fois qu’on sera dans le jus, ça se fera tout seul. Mais c’est vrai que ça fait beaucoup de choses à gérer et à penser avant de partir.”
Même s’il a hâte de concourir, Gabriel le reconnaît, ce ne sera pas des “Jeux de la rigolade”. Contraint de partir seul, sans son coach ni sa famille ou ses supporters, il est également obligé de quitter le pays dans un délai de 48 heures après sa course. Qu’importe : il est déterminé à en profiter en maximum pour progresser.
S’il estime que son rythme de vie est très intense, Gabriel pense que c’est la complémentarité des deux pratiques qui lui a permis d’arriver là où il est aujourd’hui. “Le sport, c’est une passion, comme l’est la médecine. Arrivé à mon niveau, je pourrais presque vivre uniquement du sport et me passer de la médecine. Le premier me permet de me défouler et me sentir bien dans mon corps, le second me permet de me stimuler intellectuellement et de ne pas penser aux compétitions, ça me permet presque de me déstresser”, résume-t-il, considérant que cet équilibre le pousse à “donner le meilleur de lui-même”.
Les 20 kilomètres marche se dérouleront le 5 août prochain. Gabriel attend que la compétition soit terminée pour clôturer définitivement cette année. A son retour en France, il aura trois semaines pour se reposer, avant de reprendre en stage dans un service de cardiologie, début septembre.
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