Taxe lapin : Doctolib s’oppose au recueil des coordonnées bancaires de ses utilisateurs
Alors que le Premier ministre a annoncé, ce samedi, la mise en place d’une taxe lapin d’un montant de 5 euros pour les patients fautifs, la plateforme Doctolib a indiqué à France Inter qu’elle s’opposait au recueil des coordonnées bancaires de ses utilisateurs.
Parmi les mesures du plan pour améliorer l’accès aux soins énoncées par le Premier ministre, samedi 6 avril, se trouve la taxe lapin, nommée "mécanisme de responsabilisation". Elle concerne les patients qui n’honorent pas leur rendez-vous sans avoir prévenu le professionnel de santé au moins la veille de la consultation.
"Il y aura sur les plateformes de rendez-vous en ligne une retenue de cinq euros, grâce à l’empreinte de carte bleue, si un patient prend un rendez-vous chez un médecin et ne s’y rend pas sans avoir prévenu au plus tard 24 heures avant. Cette retenue sera versée au médecin", avait présenté Gabriel Attal, à la presse régionale.
Interrogée par nos confrères de France Inter, Doctolib, la première plateforme française de rendez-vous médicaux, s'est opposée à toute demande d’empreinte bancaire auprès de leurs utilisateurs. "Il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l’accès aux soins", a déclaré Stanislas Niox-Château, cofondateur et PDG de Doctolib. "Il y a 15% des patients qui sont en situation d’illectronisme [qui ne peuvent ou ne savent pas se servir du numérique, NDLR] et 5% qui n’ont pas de carte bancaire", a-t-il poursuivi.
Pour les médecins qui n’utilisent pas de plateforme de prise de rendez-vous en ligne, le Premier ministre avait indiqué samedi dernier que "la loi [leur] donnera aussi la possibilité [...] de demander [l’] empreinte bancaire [du patient] au moment de la prise de rendez-vous". Pour le PDG de Doctolib, c’est "inimaginable d’envisager que les secrétariats vont enregistrer des cartes bancaires". "Comment vont faire les praticiens pour gérer les plaintes des patients, les contestations des patients ?", s’interroge-t-il. Lui, propose plutôt que la sanction soit posée par le médecin, et non par les plateformes, et que la somme de cinq euros soit prélevée par l’Assurance maladie lors du prochain rendez-vous du patient.
27 millions de consultations non honorées
Invitée dans l’émission Bonjour ! sur TF1, ce mercredi 10 avril, la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, a indiqué qu'"il fallait responsabiliser [les patients]", rappelant que "27 millions de consultations ne sont aujourd’hui pas honorées". “C’est du gaspillage, c’est un manque de respect. On va travailler pour trouver les voies et les moyens", termine-t-elle.
Le Gouvernement a également indiqué à la presse que "la solution de l’empreinte bancaire existe déjà pour certaines plateformes". Il précise "avoir reçu les propositions de Doctolib", après avoir échangé avec les "adhérents de la Fédération des éditeurs d'informatique médicale et paramédicale ambulatoire (Feima)", dont Doctolib fait partie. "Les plateformes et les médecins auront la possibilité d’ouvrir ou non cette option, tout comme les médecins auront la main sur la retenue de 5 euros. Il s’agit en effet d’une liberté totale qui sera donnée aux praticiens médicaux de l’appliquer ou pas", a tenu à rappeler le Gouvernement.
Une loi sur le sujet devrait être rapidement examinée par le Parlement, pour une entrée en vigueur en 2025.
[Avec France Inter]
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