"Votre silence est assourdissant" : la lettre de 10.000 soignants à Macron sur la pédiatrie
C’est un tableau surréaliste et pourtant bien réel que dépeignent 10 000 professionnels de santé dans une tribune publiée ce matin dans Le Monde. "Quotidiennement", ceux-ci sont confrontés à "des enfants hospitalisés sur des brancards ou sur les genoux de leurs parents aux urgences, dans un bureau réaménagé pour l’occasion" ; des enfants sont "intubés et hospitalisés sans chambre dans le couloir de la réanimation". Certains services ne peuvent apporter que "des prises en charge trop tardives et des soins précaires", avec "des retours prématurés à domicile et des retours en catastrophe d’enfants renvoyés chez eux faute de place, des transferts hors secteurs par dizaines en réanimation, mais aussi en hospitalisation classique". "Nous pensions que transférer des enfants à 300 kilomètres de chez eux était une dégradation majeure des soins, nous constatons désormais qu’il pouvait y avoir pire : ne plus pouvoir transférer car l’épidémie a déferlé partout, saturant l’ensemble des services de pédiatrie français, rapporte le collectif, composé de 400 chefs de service et de toutes les sociétés savantes. Nous culpabilisions d’envoyer des adolescents au sein de services adultes, ce sont désormais des enfants âgés de 3 ans que nous envoyons." Face à la détresse des soignants de pédiatrie, "épuisés" et "désabusés", les annulations de soins et reports de chirurgie sont l’"unique réponse de nos tutelles à l’urgence", dénoncent-ils.
Le 21 octobre, ces derniers avaient déjà alerté le chef de l’Etat sur la "situation précaire" de la pédiatrie, après seulement "deux semaines d’épidémies hivernales", et sur "les risques et les pertes de chance" déjà encourus par les enfants, ainsi que sur "le désespoir" des soignants les prenant en charge. Une bouteille à la mer restée sans réponse : "votre silence est assourdissant", lancent-ils aujourd’hui à Emmanuel Macron, alors que "l’épidémie annuelle de bronchiolite s’est transformée en un mauvais remake de la pandémie de Covid-19". Mais "cette fois-ci, il n’y a pas d’alternative pour sauver l’hôpital", ajoute le collectif, qui observe que "la pédiatrie libérale est noyée dans la vague". Alors que les rappels de soignants ne suffisent plus pour prendre en charge les enfants qui affluent vers les services hospitaliers, les signataires de la tribune déplorent que le chef de l’Etat ne soit pas apparu "pour rassurer les parents, assurer les soignants de [son] soutien et de la volonté de sauver l’hôpital public". "A la place, votre Gouvernement empile les enveloppes et les mesures d’urgence temporaires au fil de la catastrophe, et remet en cause les constats unanimes des soignants et des patients, les menaçant en ‘une’ des journaux d’enquête publique", fustigent-ils. Des mesures de "la dernière chance" Ils appellent ainsi à mettre en place une série de mesures "de la dernière chance" pour "arrêter l’hémorragie massive des soignants qui quittent l’hôpital public" et assurer une meilleure prise en charge des enfants. Car "une société qui ne peut plus prendre soin des enfants est une société sur le déclin", assurent-ils, soulignant la hausse de la mortalité infantile. En premier lieu, ils appellent l’Etat à être à leurs côtés et à reconnaître sa "responsabilité" de la crise majeure actuelle. Ils demandent la mise en place d’un plafond du nombre de patients par infirmière, le respect des temps de repos et des temps de formation, une meilleure indemnisation "sur le long terme" du travail de nuit et de week-end. Par ailleurs, les signataires demandent à Emmanuel Macron de s’engager à "prendre des mesures pour la reconnaissance de la spécificité et de l’expertise de la pédiatrie", qui souffre d’un manque d’attractivité. Le service hospitalier doit par ailleurs être remis "au centre des décisions" afin que les soignants ne subissent plus "les strates administratives loin du terrain". Enfin, le nombre de jeunes formés aux métiers du soin doit substantiellement augmenter. Les 10 000 soignants demandent également au Président de s’engager à "assurer la formation générale en pédiatrie de chacun" en la réinstaurant dans les Ifsi notamment. S’il espère que les modalités d’application précises de ces mesures seront discutées durant les Assises de la pédiatrie, le collectif réclame que "ces engagements forts sur des mesures structurelles et pérennes soient pris en amont et immédiatement". "Dos au mur, la France saura-t-elle sauver ses enfants ?" lancent-ils. [avec Le Monde]
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