"Il y a un consensus très net sur leurs effets négatifs" : un rapport appelle à interdire les écrans aux enfants de moins de 3 ans

Après plusieurs mois de travail, le rapport d'experts sur l'usage des écrans par les plus jeunes est rendu ce mardi 30 avril au Gouvernement. Commandé par Emmanuel Macron, ce document avance 29 recommandations et préconise d'interdire les écrans aux enfants de moins de 3 ans et l'usage des téléphones portables aux moins de 11 ans.

30/04/2024 Par Chloé Subileau
Pédiatrie Santé publique

Un rapport d'experts, remis ce mardi 30 avril au Gouvernement, préconise d'interdire l'usage des écrans aux enfants de moins de 3 ans et de téléphones portables aux moins de 11 ans, en limitant strictement l'accès les années suivantes pour les adolescents. Révélé lundi 29 avril par plusieurs quotidiens régionaux, ce rapport a été rédigé par une commission de 10 membres spécialement missionnés par l'exécutif. Elle est coprésidée par la Dre Servane Mouton, neurologue, et le Pr Amine Benyamina, psychiatre addictologue.

En janvier dernier, lors d'une conférence de presse, le président de la République avait en effet insisté sur la nécessité d'avoir "un consensus scientifique" concernant l'usage des écrans des plus jeunes en France. "Ce que j'ai voulu avec cette commission", c'est que "l'on éclaire le débat public", avait affirmé Emmanuel Macron, évoquant d'éventuelles "interdictions" ou "restrictions".

Pour établir ce rapport, la commission a auditionné près d'"une centaine d'experts" et a "écouté 150 jeunes", a expliqué Amine Benyamina lors d'une présentation du rapport à la presse, à laquelle Egora a participé. Les conclusions présentées dans ce document sont alors le "résultat d'une littérature concordante, et aussi de l'écoute" de ces entretiens, ainsi que "nos impressions et convictions" suite à ces échanges, a détaillé le co-président. 

Dans leur rapport, les membres de la commission alertent alors sur "la réalité de l'hyper connexion subie des enfants" et "les conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir", mais aussi pour l'avenir "de notre société, notre civilisation". La "commission écrans" explique avoir été "bousculée" devant "les stratégies de captation de l'attention des enfants". "Il s'est dégagé un consensus très net sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité - qui favorise l'obésité - ou encore la myopie", écrit-elle dans ce rapport de 125 pages, cité par nos confrères de La Voix du Nord.

En particulier, les experts pointent les réseaux sociaux qui sont "facteur[s] de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante". Par ailleurs, "le niveau d'exposition des enfants" à des contenus pornographiques et violents "apparaît alarmant", poursuivent-ils. Les membres de la commission estiment que "les écrans ne sont pas à l'origine de troubles du neurodéveloppement", mais appellent à la "vigilance" pour "éviter l'amplification de symptômes". 

Dans cette lutte contre les écrans, le médecin a un rôle a joué, a estimé Amine Benyamina. Comme il peut s'intéresser à toutes les autres addictions, le praticien doit pouvoir "interroger ses patients sur [leur] consommation des écrans". Aujourd'hui, "on a assez d'arguments pour avancer des éléments de repérage et de prévention", a-t-il affirmé.


29 recommandations différentes 
Pour "reprendre le contrôle", la commission propose donc 29 mesures, réparties en six axes dont le premier vise la responsabilité des industriels du secteur qui "produisent et diffusent les contenus" non appropriés aux enfants. "C'est à eux d'assurer la sécurité de leurs produits", a noté Servane Mouton : "Le premier axe porte [donc] sur la régulation [de ces acteurs], qui est déjà en partie en œuvre à l'échelle européenne." Les autres axes portent, entre autres, sur la nécessité d'accompagner les plus jeunes dans leur usage des écrans, sur le rôle des parents, mais aussi sur celui des professionnels travaillant avec et auprès des enfants. "Il faut que tous soient formés aux enjeux des usages des écrans", a insisté la co-présidente de la commission.

Selon cette dernière, toutes les recommandations avancées sont "liées". "Il faudra vraiment avoir une approche systémique et globale pour que les lignes du numérique se rapprochent" de notions plus éthiques "pour les enfants", a ajouté la neurologue.

Parmi ses recommandations, la commission appelle à empêcher tout usage des écrans par des enfants de moins de 3 ans, en ouvrant ensuite, entre 3 et 6 ans, un accès "fortement limité", "avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte". D'après les experts, il faut "limiter autant que possible" l'usage des téléphones portables et des téléviseurs dans les maternités. La commission voudrait également voir interdire les ordinateurs et téléviseurs dans les crèches et les classes maternelles, et appelle à des "actions renforcées" auprès des assistantes maternelles.

Enfin, la commission préconise de n'autoriser le téléphone portable qu'à partir de 11 ans, via un téléphone sans internet jusqu'à 13 ans. A partir de 13 ans, elle propose de donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".

Dans ce contexte, le groupe d'experts appelle à lutter contre les "services prédateurs" des acteurs économiques, comme le "fil de déroulement infini" ou le "lancement automatique de vidéos", et à permettre aux utilisateurs de mieux paramétrer les fonctionnalités des applications et le contrôle parental.

[avec AFP]

L'interdiction des écrans chez les enfants de moins de 3 ans peut-elle être efficace?

Francois Laissy

Francois Laissy

Non

Comment peut-on supprimer les écrans quand je vois que les enseignants donnent les devoirs par écran interposés parfois à des heur... Lire plus

2 commentaires
3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de M A G
3,2 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 7 mois
"un rapport appelle à interdire les écrans aux enfants de moins de 3 ans" Admettons que les écrans soient le mal incarné. Admettons que, dès la sortie du marsupium de l'état, la chair tendre soit
 
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