Pour éviter l'exode de ses médecins, l'Algérie gèle l'authentification de leurs diplômes
Afin de mettre fin à l'exode de ses médecins généralistes et spécialistes à l'étranger, l'Algérie procède depuis plusieurs mois à un gel de l'authentification des diplômes des praticiens. Une mesure contestée.
C'est une mesure pour le moins radicale. Pour mettre fin à l'exode de ses médecins – généralistes et autres spécialistes – à l'étranger, le gouvernement algérien a décidé de geler l'authentification de leurs diplômes. Appliqué officieusement depuis au moins un an, ce gel n'avait jusqu'ici pas fait l'objet d'annonce de la part des pouvoirs publics.
Répondant à une question du député El Ouardi Bradji dans une lettre datée du 13 juillet, le ministre de l'Enseignement supérieur, Kamel Baddari, a confirmé la mesure. Oui, il y a bien eu un gel de l’authentification des diplômes délivrés par les facultés de médecine, mais seulement pour mettre fin à la fuite des médecins algériens, a-t-il justifié. Ces derniers sont attirés par la France, mais aussi l'Amérique du Nord ou les Pays du Golfe, en quête de meilleurs salaires.
Le ministre a toutefois indiqué que cette mesure était provisoire – sans préciser d'échéance, assurant que le processus d'authentification des diplômes reprendrait dès que des "solutions seront proposées pour remédier à ce phénomène [d'exode] et le limiter".
15 000 médecins algériens partis en France
Kamel Baddari a néanmoins reconnu que ce gel, bien qu'étant une mesure stricte, n'avait "pas empêché la migration des compétences médicales, médecins généralistes et spécialistes". Pour débloquer les situations de médecins algériens souhaitant quitter leur pays, des organismes recruteurs étrangers passent en effet par "les représentations diplomatiques algériennes à l’étranger ou celles de leurs pays respectifs accréditées en Algérie".
Président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet avait décrié, dans un entretien à TSA, une mesure "non réglementaire". D'autres syndicats ont également souligné le caractère discriminant de la mesure, le corps médical étant le seul concerné. Evaluant le nombre de médecins algériens partis en France à 15 000, Lyes Merabet a réclamé un plan d'urgence afin de mettre fin à cette hémorragie.
[avec Le Monde, El Watan et TSA-Algérie]
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