"La responsabilité est lourde" : le directeur de la Cnam appelle les médecins à se mobiliser pour respecter les "engagements" de la convention
L'incertitude politique a bouleversé ce vendredi après-midi le programme des Universités d'été de la CSMF, qui se sont ouvertes à Saint-Malo. Faute de ministre de la Santé en exercice, le directeur général de la Cnam a relevé le défi d'un marathon de questions-réponses avec les responsables syndicaux et les médecins présents dans la salle. L'occasion de revenir sur la convention médicale signée au printemps dernier… et qu'il faut maintenant appliquer. "Le plus dur n'est pas derrière nous", a prévenu Thomas Fatôme. Car dans ce texte, les partenaires conventionnels se sont engagés collectivement à améliorer l'accès aux soins.
Jamais il n'aura été aussi longtemps "sur le grill". Durant près de 2h30, ce vendredi après-midi, le directeur de la Cnam a fait face aux quelque 250 médecins de la CSMF qui ont fait le déplacement à Saint-Malo pour les Universités d'été du syndicat, qui fêtent cette année leur 30e anniversaire. "Cette année restera dans nos mémoires par son caractère historique", a lancé le Dr Franck Devulder, son président, en ouverture. "Elle sera pour nous, médecins, celle de la signature d’une convention médicale que nous attendions depuis trop longtemps – 8 ans." "Le rôle de la CSMF y a été déterminant […], il nous fallait trouver une voie de passage et nous en sommes fiers, parce que sans cela, nous aurions laissé nos confrères dans un règlement arbitral minimal, sans possibilités d'avenant, qui figeait les tarifs de consultation et repoussait aux calendes grecques la réforme de la CCAM", a-t-il rappelé. "Mais si nous sommes fiers d'avoir signé cette convention, celle-ci ce ne peut-être qu'un commencement", a lancé le gastro-entérologue.
Alors que le coup d'envoi des travaux de déploiement de la convention a été donné la semaine dernière, il faut désormais travailler à créer "un choc d'attractivité" pour la médecine libérale. "Cette demande, ce n'est pas du corporatisme, c'est pour les Français", a insisté le président de la CSMF. Or "le compte n'y est pas, les revenus des médecins libéraux continuent de baisser".
"Une convention, c'est plus un commencement qu'une fin", a souscrit Thomas Fatôme, rappelant que le texte signé le 4 juin dernier représentait "un investissement important" de l'Assurance maladie pour 2025 et 2026. Et ce, dans un contexte de forte dégradation des finances publiques. "On s'est faufilés dans un trou de souris, les nuages s'amoncelaient", a relevé le directeur de la Cnam, assurant de la détermination de l'Assurance maladie de "mettre en œuvre tout ce qu'il y a dans la convention". "Je ne sais pas si le plus dur est derrière nous, en tout cas on a beaucoup de chantiers à déployer" : le développement des assistants médicaux, la refonte de la CCAM, les équipes de soins spécialisées…
De part et d'autre, les attentes sont fortes. "Une convention, c'est un équilibre et une dynamique et je pense que maintenant, la responsabilité est lourde pour tout le monde, pour les partenaires conventionnels et pour chacun des médecins", a lancé Thomas Fatôme. La nouvelle convention porte en effet des engagements collectifs d'amélioration de l'accès aux soins : augmenter le nombre d'installations de médecins dans les zones sous-dotées, augmenter la patientèle médecin traitant moyenne et la file active moyenne des médecins libéraux, raccourcir le délai moyen d'accès aux spécialistes… "Vous avez un rôle majeur pour accueillir des internes, pour expliquer que c'est un beau métier, qui se fait dans de bonnes conditions, pour donner envie, pour amener les jeunes vers une installation dans une médecine générale traitante", a interpelé le directeur de la Cnam.
"Ces engagements ne sont pas opposables, et pourtant nous devons réussir, a insisté Franck Devulder. C’est un nous collectif, pas seulement les médecins libéraux, mais aussi la Cnam et l’Etat." Contrairement au "contrat d'engagement territorial" qui avait fait capoter la précédente négociation en février 2023, "ces engagements ne sont pas individuels", a relevé Thomas Fatôme. "Mais si chaque médecin se dit 'c'est pas pour moi', on va avoir un problème, car tous les résultats de ces engagements collectifs on va les publier. On va être transparent. Devant le Parlement, les pouvoirs publics, les partenaires sociaux, le Gouvernement." Et jamais la tentation de la coercition n'a été aussi forte.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus