"Des politiques qui ne comprennent ou ne veulent pas comprendre l’importance et la manière de travailler des libéraux
Incidemment, j’ai pu réceptionner il y a quelques jours de cela un mail concernant un possible recrutement par la Sécurité Sociale de médecins conseils au sein de notre région. Il est vrai que ces confrères sont en voie d’extinction, et malgré les algorithmes décisionnels (ils valident les 100% sans avis de médecin dans de nombreuses situations), et les infirmières conseils du contrôle médical, ils nous sont d’une "aide" très précieuse. Dans ce cadre, il serait dommage d’assister à une disparition de ces professionnels qui nous donnent souvent des réprimandes "hautement justifiées". Cependant, recruter des médecins conseils à une époque où nous manquons cruellement de libéraux sur le terrain me semble quelque peu malvenu. Cela d’autant plus que l’espèce libérale, qui doit aussi être protégée du fait de sa rareté, croule sous le travail (cet état de fait est souvent peu relayé par les médias et les patients).
Tout aussi intéressant, et quelque peu difficile à supporter, le projet de loi que souhaite faire adopter un célèbre politique : M. Valletoux. Ce dernier non content d’avoir humilié très régulièrement les libéraux durant sa présidence au sein de la Fédération hospitalière de France, veut contraindre les médecins à adhérer à une CPTS. De cette manière il donne la mesure pour mieux asseoir sa crédibilité vis-à-vis du gouvernement qui lui a permis d’avoir un poste de député. Outre cette notion d’obligation (cela fait penser quelque peu à la réforme des retraites qui fait couler beaucoup d’encre), ce dernier n’a de vision que sur un point : la satisfaction des électeurs qui auront la certitude que leur santé sera prise en compte de manière optimale et ce quelque soit le professionnel de santé. De toute manière ce qui est le plus important pour le Gouvernement, compte tenu du manque de professionnels de santé, c’est avant tout de donner l’illusion que les Français sont bien soignés.
Par ailleurs, certains de ces professionnels qui se sont investis dans une CPTS déchantent car ils se rendent compte que la carotte financière est impossible à obtenir. Les CPAM scrutent les indicateurs, et tout comme le jeu des pinces des foires, font le nécessaire pour que les soignants aient des difficultés à obtenir la prime en rapport avec leur investissement car les modalités pour l’obtenir sont trop contraignantes. Il y a quelques mois de cela le ministre de la Santé a annoncé qu’il voulait réduire les formalités administratives des libéraux. Cette volonté avait pour but de donner plus de champ aux soins, et de permettre ainsi à plus de patients d’avoir une consultation avec un médecin. La réalité est tout autre car nos énarques (ils doivent se morfondre dans leurs bureaux) ont eu la sagesse de rendre plus complexe notre système de soins. Ainsi, il est amusant de voir, que lors de la déclaration d’un accident du travail, il est impératif depuis le 1er janvier de remplir deux formulaires, alors qu’auparavant un seul suffisait. Pour les certificats de décès, il va falloir dans un avenir proche envoyer par informatique le précieux sésame pour les pompes funèbres. Imaginez, vous vous déplacez au chevet du patient décédé, vous prenez toutes les informations concernant l’identité et les antécédents du défunt, et vous allez retranscrire ces données sur votre poste informatique à votre cabinet. On a des difficultés à trouver des médecins pouvant établir ces certificats, cette quête avec ces nouvelles dispositions va majorer de plus belle cette recherche.
La médecine libérale c’est un investissement de professionnels avant tout
A côté de la vision quelque peu étriquée des politiques ou énarques en charge du système de santé, nous avons une branche ô combien indispensable dans ce secteur souvent considérée comme... le maillon faible pour le soin : les libéraux. Régulièrement, on leur colle une image peu positive, et souvent les médias ou les CPAM les étrillent du fait d’abus avérés ou de fraudes démesurées (cela est très parlant pour les Français de base). Les libéraux sont des profiteurs du système de santé, mais ce qu’on oublie c’est que cette frange de soignants "déviants" demeure quelque peu anecdotique. Les libéraux, selon les détracteurs de la médecine de terrain, ont en tête uniquement l’appât du gain, et ils font le nécessaire pour avoir des revenus très confortables parfois inconvenant vis-à-vis de la plèbe qui est prise à la gorge par l’inflation. Ces soignants sont peu à l’écoute des patients, et bâclent régulièrement leurs consultations effectuées sur un laps de temps trop court (5 minutes). Ils se moquent éperdument de la santé des patients, et ont pour but de rentrer rapidement chez eux, mais aussi ont pour souhait d’avoir des fins de semaine tranquilles auprès des enfants et de la famille (ce n’est pas le cas il faut le souligner des fonctionnaires qui bouclent des semaines avec fréquemment des RTT).
On oublie que de nombreux libéraux ont pris des risques démesurés durant la 1re vague de la pandémie en allant au chevet des patients car ils avaient pour la majeure partie d’entre eux la passion de leur métier et savaient qu’il fallait parfois se sacrifier pour le bien des autres. Nous ne devons pas perdre de vue que nombreux sont les administratifs qui se sont précautionneusement calfeutrés chez eux en faisant du "télétravail" ou en étant arrêtés (on les a rémunérés malgré leur absence sur leur lieu de travail) durant cette période. De plus, alors que les persifleurs qui alimentent la toile finissent de travailler à 17 heures pour une très grande majorité d’entre eux, les libéraux sont pour la plupart sur le pont jusqu’à 20 heures, voire plus. Je suis fier d’appartenir à cette espèce de médecin qui est en voie de disparition (plus que les médecins conseils je le pense), et dont l’utilité est manifeste. Je n’ai pas honte de dire que journalièrement je travaille plus de 12 heures, et que je participe à la permanence des soins de mon secteur (je ne suis pas le seul d’ailleurs). Je prête main forte aux confrères urgentistes du centre hospitalier du département car je pense, même en tant que libéral (le sens des responsabilités n’incombe pas uniquement aux collègues hospitaliers), que nous avons un devoir vis-à-vis de la population. Je me forme très régulièrement pour que les connaissances acquises soient profitables à ma patientèle. Contrairement à certains confrères qui changent de métier ou sont en burn out du fait d’un mépris constant des pouvoirs publics, mais aussi des mauvais coucheurs, je résiste car j’aime profondément mon métier. Souvent mon épouse (elle est aussi généraliste libérale) m’explique qu’en travaillant de la sorte je sacrifie ma santé et ma famille. Je le reconnais humblement et je m’en excuse auprès de mes enfants, mais je reste passionné par mon travail, et l’aide que je peux apporter à mes concitoyens. Cependant, et contrairement à certains confrères, je ne baisse pas les bras et dénonce régulièrement les absurdités d’un système qui ne reconnaît pas le travail des libéraux. Nous devons tous nous unir pour sauver notre système de santé dont la gestion est uniquement administrative, et qui est souvent aveuglée par des visions d’énarques en mal de reconnaissance !"
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