Cinquante et un. Soit le nombre de jours sans chef du gouvernement. Un temps long – certains diront suspendu – qui a vu s’empiler les dossiers d’actualité et de fond, et grandir l’impatience générale et la frustration ambiante. Il aura donc fallu patienter cinquante et un jours et endurer une interminable série de consultations pour qu’enfin, le jeudi 5 septembre, le mystère soit levé : Michel Barnier, vieux routier de la politique, succède à Gabriel Attal, plus jeune Premier ministre de la Ve République. Les affaires reprennent !
De Michel Barnier au futur ministre de la Santé*, il ne devrait y avoir qu’un pas. Car bien qu’aucun calendrier ne soit prévu par la loi, l’usage veut que la composition du nouveau gouvernement se fasse dans les jours qui suivent la nomination du Premier ministre. Un ministre de la Santé qui aura fort à faire pour rassembler et fédérer – à l’image du « gouvernement de rassemblement » que souhaite Emmanuel Macron – mais surtout rassurer le monde de la santé, las de la valse des titulaires de l’Avenue Duquesne (sept ministres en sept ans, d’Agnès Buzyn à Catherine Vautrin) et des périmètres mouvants des maroquins. Les dossiers brûlants ne manquent pas (hôpitaux saturés, désertification médicale, crise d’attractivité des métiers, pénurie de médicaments, accès direct, réforme du métier d’infirmier, fin de vie…) et il faudra, dès la prise de poste, prioriser et arbitrer.
La santé est un choix politique. Investir dans ce secteur, c’est faire le choix de financer autant le préventif que le curatif. C’est miser sur l’innovation en s’allégeant des vieux réflexes et corporatismes qui figent toute évolution. C’est s’engager, aux côtés des professionnels de santé, à encourager le travail collaboratif et non en silo. C’est aussi se donner les moyens de politiques ambitieuses pour repenser la santé non comme une dépense mais comme un investissement. C’est défendre la qualité des soins ainsi que la qualité au travail des acteurs de la santé… L’ambition est là, mais il en faut plus. Acte 2 dans quelques jours : on jugera sur pièce et sur acte.
* Pas encore connu à l’heure où nous mettons sous presse
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