"Depuis le début du confinement, l’activité des cabinets médicaux s’est effondrée : -50% pour les médecins généralistes ; -85% chez les spécialistes. Cette chute de fréquentation s’explique par le confinement lui-même, les instructions des autorités de ne consulter qu’en cas d’urgence, la peur des patients de déranger leur médecin ou d’attraper le coronavirus. En outre, le personnel des cabinets médicaux rencontrait depuis la fermeture des écoles des difficultés à rester en poste et les cas de covid-19 contribuent à diminuer les effectifs. Un point ne laisse pas d’inquiéter : en se basant sur les statistiques de fréquentation moyenne, seule la moitié des vraies urgences médicales hors-covid-19 se présente dans les cabinets ou urgences hospitalières. Pourtant, ces patients doivent être vus rapidement pour éviter une perte de chance voire des décès qu’il faudrait ajouter à la surmortalité déjà importante liée au virus.
Les décrets pris par le ministre de la Santé en mars libérant l’avenant 6 de la convention médicale régissant la téléconsultation ont permis de faire exploser ce mode de consultation qui est passé du jour au lendemain de quelques milliers par semaine à plus de 100.000 par semaine, pour atteindre en avril 25% des consultations. Ces téléconsultations permettent d’éviter le passage par des cabinets médicaux et les urgences avec les risques infectieux que cela représente autant pour les patients que les médecins. Lors de la téléconsultation, 3 cas de figures peuvent se présenter...
expliquer pourquoi il est possible de patienter, répondre à un besoin qui peut être résolu à distance (avec envoi d’ordonnance sécurisée si besoin), et identifier des urgences qui nécessitent une prise en charge rapide. Quand viendra le temps du déconfinement, ce serait une erreur de retourner à la situation très encadrée précédente, car la téléconsultation sera la solution dans les semaines et mois qui suivront pour répondre aux besoins de la population en assurant la sécurité de la population et des professionnels de santé. Le processus pourrait être le suivant : 1/ Téléconsultation (prise de RDV en ligne ou par télésecrétariat) 2/ Si urgence, adressage vers consultation présentielle en cabinet (petite urgence) ou à l’hôpital (urgence plus sévère) 3/ Si non urgence, soit la téléconsultation répond au besoin du patient, soit le médecin juge que le patient peut ou doit consulter physiquement.
Ce schéma éviterait les salles d’attentes bondées et le non-respect de toutes les mesures de distanciation, même si les cabinets ont bien été réadaptés à la situation (masques, thermomètres frontaux, GHA, protections du personnel par écrans plastiques…). Il apparaissait avant la période du Covid-19 que la téléconsultation était déjà nécessaire dans les années à venir. Les 2 ou 3 mois de retard de toutes les consultations vont évidement aggraver la situation et le recours à la téléconsultation devient stratégique en matière de santé publique. Revenir à la situation antérieure, très encadrée, ne permettrait pas d’avoir un recours en proportions significatives à la téléconsultation. Revenir à cet état de fait serait regrettable en termes de santé publique et d’efficience. Certes, il faut augmenter les dépenses de santé, mais il faut le faire intelligemment. La dépense publique est durablement sollicitée, raison de plus pour ne pas la gaspiller. C’est pourquoi nous demandons à l’exécutif, à la Caisse Nationale d’Assurance-Maladie et aux partenaires conventionnels de ne pas revenir sur les décrets de mars ayant permis la vraie éclosion de la téléconsultation dans notre pays, ce dont personne ne se plaint."
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