Certains sujets méritent d’être "réctifiés", affirme l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) dans une communication qui nous a été adressée ce mardi 3 octobre. Quatre jours après la publication d’une interview du président de la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine sur Egora, l’organisation étudiante a souhaité répondre à certaines de ses affirmations… qui sont loin de lui avoir plu.
Ainsi, "les internes joueraient de la dualité de leur statut", s’insurge l’Anemf au sujet d’une première déclaration du Doyen des doyens. "Ils n’ont pas été inclus dans l’optimisation de la permanence des soins, on peut sûrement le regretter… Mais il faut qu'eux-mêmes clarifient leur position. Quand cela les intéresse, ils se présentent comme des étudiants et là, brusquement, ils se présentent comme des professionnels. Il faut qu’ils lèvent cette ambiguïté. S’ils veulent être mieux payés, il faut qu’ils acceptent l’idée qu’ils ont une activité professionnelle", nous confiait précisément le Pr Veber. "Le statut des internes est effectivement double, reconnaissent de leur côté les étudiants en médecine, néanmoins, il est erroné d’interpréter les exigences de pédagogie pendant leurs études comme une manœuvre pour ne pas assumer leur rôle de professionnel de santé."
Pour l’Anemf, en pratique, ce sont plutôt les institutions "qui jouent de cette dualité, comme lorsque le ministère de la Santé ajoute une quatrième année au DES de médecine générale comme mesure 'd’accès aux soins'". "Le statut d’étudiants, qui ont l’obligation de faire des stages, est utilisé en leur défaveur pour les obliger à travailler dans des conditions dégradées. Puis, les mêmes acteurs vont arguer que les internes de dixième année auraient été diplômés et qu’à ce titre leurs revendications d’encadrement sont superflues", écrit-elle, considérant qu’il n’y a "aucune contradiction" à être à la fois un professionnel de santé compétent et un étudiant qui a besoin d’apprentissage.
Défense des externes
De même, dans cette interview, le Doyen des doyens déclarait au sujet des externes : "J’ai lu dans leur communiqué qu’ils écrivaient être ‘indispensables au fonctionnement des services’, c’est faux. Ils nous aident quand ils le peuvent mais quand ils ne sont pas là, les patients sont soignés, et heureusement." "Les externes sont, dans de nombreux services hospitaliers, non seulement utiles, mais bel et bien indispensables", lui rétorque aujourd’hui l’Anemf. Dans un monde idéal, poursuit-elle, peut-être que les hôpitaux pourraient être suffisamment dotés en personnels pour fonctionner sans dépendre d’étudiants… mais, "la réalité actuelle est que nombre de services comptent sur ces étudiants pour assurer un fonctionnement fluide", assure-t-elle. "Cette dévaluation de leur travail, combinée à une rémunération insuffisante, est non seulement injuste, mais aussi contraire à la réalité du terrain. Nier leur importance et leur contribution revient à faire preuve de mépris envers ces futurs professionnels de santé, travaillant pour des salaires dérisoires, qui nécessitent d’être revalorisés", considère l’Anemf.
Les étudiants ont aussi souhaité répondre au Doyen au sujet des violences sexistes et sexuelles (VSS). "Il est regrettable de constater que certaines idées reçues perdurent, en particulier l'idée que les VSS seraient principalement le fait d'étudiants entre eux", fait-elle savoir. Dans le milieu hospitalier, plus de la moitié des agressions sont perpétrées par des supérieurs hiérarchiques, révélait la structure dans une grande enquête. "Minimiser la responsabilité des cadres dans ces dérives revient à tacitement accepter de tels agissements, alors qu’il est impératif d'adopter une politique de tolérance zéro envers ces comportements inacceptables", considère donc l’Anemf.
Enfin, l’organisation étudiante regrette que le Doyen ainsi que le Collège national des généralistes enseignants affirment que la médecine générale n’est pas confrontée à une baisse de l’attractivité aux ECN cette année et s’inquiète des débats législatifs qui "questionnent le rôle" de ces praticiens.
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