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Quatrième année de médecine générale : "Nous ne retournerons pas à l’hôpital contre notre gré", préviennent les internes

A l'occasion de la deuxième journée du 25ème congrès de l'Isnar-IMG, le président de l'intersyndicale a rappelé les principaux écueils de la réforme de la quatrième année. Défendant son report, il a pointé les promesses récemment avancées par le ministère de la Santé. "Nous ne retournerons pas à l'hôpital contre notre gré" faute de maîtres de stage suffisants, a lancé Bastien Bailleul, devant plusieurs centaines d'internes.  

07/02/2025 Par Chloé Subileau
4ème année de MG Internat Docteur Junior
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"La réforme de la quatrième année de médecine générale se résume à beaucoup de promesses. Mais les promesses n'engagent que celles et ceux qui y croient", a lancé ce vendredi 7 février Bastien Bailleul, président de l'Isnar-IMG, à l'occasion de la deuxième journée du congrès du syndicat. Au cœur du Grand Palais de Lille, le représentant syndical a martelé son opposition à l'application, en l'état, de cette quatrième année d'internat de médecine générale. Adoptée il y a plus de deux ans au Parlement – via un recours à l'article 49.3 – cette refonte de l'internat des futurs généralistes patine, "aucun des textes nécessaires à sa mise en place n'étant parus". Il y a pourtant urgence, insiste Bastien Bailleul : les premiers docteurs juniors doivent faire leur rentrée en novembre 2026.

Le ministre en charge de la Santé et de l'Accès aux soins, Yannick Neuder, a récemment assuré que les textes seraient publiés au printemps. Mais pas de quoi rassurer les internes de médecine générale, dont plusieurs centaines étaient en grève le 29 janvier dernier à l'appel de l'Isnar-IMG. Tous exigeaient un report de l'entrée en vigueur de la réforme qui comporte plusieurs "principaux manquements", pour Bastien Bailleul.  

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1) Une statistique. Environs 60 000 généralistes libéraux en France pour 101 départements donc 600 par département. Une dizaine de... Lire plus

 

"C'est 100% de MSU ou rien"

"Première inconnue : quels maitres de stages universitaires (MSU) pour nous accueillir ?", s'est interrogé l'interne. Lors de leur quatrième année d'internat, les apprentis généralistes auront le statut de docteurs juniors et devront être encadrés par des MSU aguerris. Problème ? Ces professionnels manquent déjà et le recrutement de nouveaux MSU en vue de novembre 2026 a pris du retard, a alerté le président de l'Isnar-IMG, devant plusieurs centaines de congressistes. "La menace est majeure, a-t-il tonné. L'assignation forcée [des docteurs juniors, NDLR] en stages hospitaliers", faute de places suffisantes dans les cabinets, est "sans lien avec notre projet professionnel". "Nous exigeons donc la définition d'une date butoir pour le recrutement de ces MSU afin de garantir leur formation et [qu'ils puissent] nous superviser", a lancé Bastien Bailleul, invitant le ministère à agir.

"Être MSU ne s'improvise pas. Pourtant, il nous faut avoir des effectifs complets au plus tôt", a-t-il poursuivi, insistant une nouvelle fois : "En novembre 2026, tous les internes de médecine générale devront avoir accès à un MSU […] On ne peut pas se permettre de lancer cette quatrième année avec 70% de MSU recrutés [par rapport à l'objectif initial, NDLR]. C'est 100% ou rien."

Deuxième inconnue rappelée par le syndicaliste : l'encadrement du nombre d'actes que devront réalisés au quotidien les docteurs juniors. "Nous revendiquons un plafond maximum de 25 actes par jour pour garantir un apprentissage de qualité et préserver notre santé mentale. Mais aussi, un minimum de 10 actes par jour pour que le stage reste formateur", a-t-il détaillé.  

Crédit : Chloé Subileau
 

Une dérogation promise pour les thèses

Une autre inquiétude majeure pour les futurs généralistes porte sur la délai de passage de la thèse, car l'ajout de la quatrième année d'internat vient modifier cette durée. "Aujourd'hui, de six ans après le début de l'internat, ce délai sera en théorie réduit à trois ans", a résumé Bastien Bailleul. Les internes doivent, en effet, être thésés avant d'obtenir leur statut de docteur junior. "C'est comme ça pour les autres", a glissé le représentant syndical, précisant qu'une dérogation à d'ores et déjà été promise afin de permettre une évolution plus progressive du délai de passage.

Mais là encore, "aucun texte n'est officiel". "Quand cette dérogation va-t-elle être officialisée ? Pour combien de promotions ? Et, pour combien de temps ?", a lâché Bastien Bailleul pointant, par ailleurs, les retards déjà persistants sur les passages des thèses en médecine générale : "A l'heure actuelle, près de 4 100 internes ont fini leur DES mais ne sont pas thésés." 

 

Autre sujet brûlant : la rémunération des docteurs juniors. Si l'Isnar-IMG défend une rémunération mixte, avec un forfait de base et une part supplémentaire issue d'une rémunération à l'acte avec rétrocession, le Gouvernement ne semble pas convaincu. Après de nombreuses discussions avec les syndicats étudiants, le ministère de la Santé a annoncé privilégier un "système de salariat", a rapporté Bastien Bailleul, "avec un même salaire de base [pour tous] et des primes". "C'est une occasion manquée pour former les docteurs juniors à la comptabilité, à la cotation… En somme, aux fondements de notre exercice", a déploré le président de l'Isnar-IMG, qui pointe le "caractère précarisant" de telles primes.

L'interne de médecine générale a également dénoncé l'absence de propositions du ministère concernant le recrutement et la formation des MSU – "élément pourtant central de notre revendication". Faute de places suffisantes dans les cabinets en novembre 2026, Yannick Neuder a émis l'idée de miser sur les visites à domicile pour les docteurs juniors. Une hypothèse balayée par Bastien Bailleul : "Personne n'a très bien compris ce qu'il [le ministre] voulait dire par là […] Ce n'est pas une réponse du tout. Par contre, la possibilité pour les docteurs juniors d'aller faire des visites à domicile doit être encouragée, mais elle doit être valorisée." 

 

"Nous ne nous éloignerons pas de nos patients"

Sur la scène du Grand Palais de Lille, Bastien Bailleul s'est aussi interrogé sur la création d'un comité de suivi de la réforme, là aussi promis par Yannick Neuder. Cette annonce ne fait, en effet, pas mouche du côté de l'Isnar-IMG, puisque ce comité devrait être présidé par Guillaume Bailly, ancien président de l'Isni et interne… en cardiologie. "C'est inacceptable et inadapté pour notre spécialité", a ainsi tonné Bastien Bailleul. 

Dernier sujet abordé par le président de l'Isnar-IMG, à l'occasion de ce point d'information sur la quatrième année : la problématique de la PDSA. Le syndicat exige que les docteurs juniors y participent uniquement sur la base du volontariat ; "l'enjeu est d'inciter les internes à faire de la PDSA, et les former afin qu'ils continuent après [cette pratique]." Une option que l'avenue de Ségur semble, cette fois, avoir retenue.

Reste encore à savoir quand seront publiés les textes devant acter ces mesures et quels seront leurs contours. Mais une chose est certaine pour le président de l'Isnar-IMG : les internes ne retourneront pas, faute de MSU, "à l'hôpital contre [leur] gré". "Nous ne nous éloignerons pas de nos patients et de patientes !", a-t-il plaidé. 

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994 points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 1 mois
Dans ce pays, à moins de "mettre le feu" rien de bouge donc les internes de 4ème année de médecine générale iront faire les bouche-trous "à pas cher", à 30 ans, après tous leurs concours et leurs 10 a
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207 points
Débatteur Renommé
Médecins (CNOM)
il y a 1 mois
Ils comprennent enfin qu'ils se sont fait rouler dans la farine, tout comme les universitaires qui ont peur des réactions vives de ces futurs confrères. Espérons que les places en libéral ne seront pa
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12,9 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 1 mois
on parie? c'est sans connaître le caractère tordu des "décideurs"!
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