D’après une enquête du syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale qu’Egora publie en exclusivité ce jeudi 2 mars, proposer des logements à proximité des terrains de stage ambulatoire permettrait d’accroître leur attractivité… et de favoriser l’installation, une fois les jeunes médecins diplômés. A l’heure actuelle, la localisation et l'accessibilité des cabinets des MSU sont les principaux critères de choix des internes, bien loin devant les avis sur les stages proposés. "Il serait préférable que le projet professionnel passe en premier”, regrette Cédric Cardoso, président du syndicat. Explications.
Et si la solution pour inciter les jeunes médecins à s’installer plus rapidement une fois leur diplôme en poche c’était… de les aider à se loger pendant leur internat ? C’est en tout cas la conclusion d’une vaste enquête sur le sujet menée par le syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG), qu’Egora publie en exclusivité, visant à comprendre et améliorer le vécu des carabins pendant leurs stages ambulatoires. Un sujet crucial, alors que la quatrième année d’internat de médecine générale doit être mise en place à la rentrée prochaine et doit mettre l’accent sur les stages en ville.
Entre les mois d’avril et septembre de l’année dernière, plus de 300 internes franciliens ont été interrogés sur leurs expériences lors de leur stage de niveau 1, réalisé en première année (SN1), et lors du stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée (Saspas), réalisé en troisième année. Ce qu’il en ressort, c’est que pour 72% des futurs médecins, la mise à disposition d’un logement pendant un stage peut leur donner envie de s’installer sur ce territoire. "Alors que les jeunes médecins sont actuellement peu nombreux à s’installer, il s’agit-là d’un levier essentiel à exploiter. Résider sur le territoire pendant l’internat permet une meilleure connaissance de celui-ci, une découverte du cadre de vie et facilite la projection d’installation", en déduit le SRP-IMG. "On a choisi de s’intéresser à pourquoi certains territoires sont délaissés par les médecins. S’ils sont un désert, c’est peut-être parce qu’ils ne sont pas connus au cours de l’internat. Les stages ambulatoires sont relativement récents et doivent être l’occasion de découvrir les endroits dans lesquels on peut s’installer par la suite", complète Cédric Cardoso, président du syndicat.
Un mode de vie déterminant dans le choix des stages
Pour les internes, les questions de mobilité et d’hébergement engendrent, en effet, de vraies problématiques pendant leurs études… à commencer par la conciliation de leur vie personnelle et parfois familiale avec leurs stages. "On s’adresse beaucoup plus à de jeunes adultes qu’à des étudiants. Ils ont des contraintes familiales plus marquées", souligne Cédric Cardoso. Près de trois internes sur quatre déclarent en effet être en couple en troisième année d’internat, selon l'enquête. Conséquence : le fait de partager sa vie avec quelqu’un est souvent synonyme d’absence de mobilité interdépartementale ou vecteur d’une implantation locale à court ou moyen terme. Un critère qui sera donc déterminant dans le choix d’un terrain de stage, insiste le SRP-IMG.
Selon leur mode de vie, les internes ne sont d’ailleurs pas répartis de la même manière et c’est particulièrement vrai sur le territoire d’Île-de-France, relève le syndicat. Si les célibataires sont globalement basés dans Paris intramuros et en petite couronne, les internes en couple semblent s’étaler davantage sur le territoire d’Île-de-France, en petite couronne. Paris reste néanmoins le territoire les concentrant le plus. Sans surprise, ce sont les internes en couple avec enfant(s) qui habitent le moins dans Paris intramuros, mais ces derniers ne favorisent pas pour autant la grande couronne. Au total, la capitale concentre 50% des internes de médecine générale de la région…
Le syndicat l’explique d’abord par l’implantation des facultés de médecine, mais aussi par la mobilité exigée par l’internat et notamment par les stages ambulatoires. "Les internes changent de lieu d’exercice tous les six mois et être à Paris, à un point relativement central, permet de se déplacer plus facilement d’un lieu à l’autre sans avoir forcément besoin de déménager", avance-t-il. Car la demande locative est en forte tension dans la région et il est difficile pour les internes franciliens de quitter leur logement tous les six mois.
L’exigence de la mobilité pour les internes en médecine générale
La problématique est d’autant plus marquée dans les spécialités à forte dominante d’exercice libéral. Au cours d’un même stage ambulatoire, un interne est amené à fréquenter plusieurs lieux de stages différents et ces derniers peuvent être très éloignés les uns des autres. "’On a 2 à 3 lieux différents entre deux départements. Les pool de médecins ne sont pas réfléchis pour être au même endroit, voire même l’inverse pour nous faire découvrir le plus possible d’exercices", précise Cédric Cardoso. Pendant le Saspas, 40% des répondants à l’enquête ont par exemple déclaré avoir eu des lieux de stage situés dans deux ou trois départements différents.
Pour se déplacer, les futurs médecins franciliens privilégient de loin...
les transports en commun (72%) ou les mobilités douces, comme le vélo (52%). Pour une grande majorité d’entre eux (65%), il n’est pas question d’utiliser le véhicule personnel pour les stages, probablement à cause du coût de l’essence et des difficultés de stationnement. Mais cela a nécessairement un impact sur les terrains de stage les plus reculés ou les moins bien desservis par les réseaux de transports en commun, qui héritent d’une "image négative" et sont alors moins privilégiés. De plus, les internes sont peu ou mal au courant des aides dont ils peuvent bénéficier : environ 300 euros par mois pour le logement et 110 euros pour le transport.
Compte tenu de toutes ces limites, plus de 80% des internes préfèrent choisir des stages proches de leur domicile. Ce critère devance même celui des avis sur le terrain de stage en question (6%).
Proposer un logement adapté aux problématiques des internes
"Il serait préférable que le projet professionnel soit le premier critère de choix du terrain de stage, plutôt que celui de la localisation par rapport au domicile", regrette donc le syndicat… qui appelle à aider les internes dans leurs recherches de logement.
Une demande appuyée par un chiffre : 67% des futurs médecins trouvent essentiel le fait de se voir proposer un logement lorsque le terrain de stage est éloigné de plus d’une heure de leur lieu de résidence. 1/5ème considère même qu’il faut une proposition systématique d’hébergement pour tous les stages situés en grande couronne, notamment en...
Seine-et-Marne, dans les Yvelines et dans l’Essonne. Des données qui contrastent fortement avec les 95% d’internes… qui n’ont jamais eu la moindre proposition. En réalité, les trois quarts des carabins aimeraient pouvoir conserver leur logement principal tout en ayant accès à un logement associé à leur stage ambulatoire.
"Bénéficier d’un logement proche du lieu de stage déchargerait les internes des contraintes de transports. Ils pourraient ainsi se concentrer davantage sur leurs consultations plutôt que de surveiller l’heure avant le dernier bus permettant de rejoindre la gare la plus proche pour pouvoir rentrer chez eux", fait valoir le SRP-IMG dans son enquête. "En outre, avoir accès à un logement provisoire et gratuit sur la durée d’un stage ambulatoire leur permettrait de choisir plus aisément des lieux d’exercice éloignés."
Mais ce n’est pas le seul argument : habiter à proximité d’un lieu de stage permet de mieux découvrir le territoire, qui ne serait plus perçu comme un "simple lieu de passage", pour Cédric Cardoso. "Imaginons qu’on ait deux jours de stage par semaine dans les Yvelines. Si au lieu de rentrer chez soi à plus d’une heure de route on pouvait passer la nuit sur place, cela nous permettrait de découvrir le territoire, de passer du temps sur place en dehors des consultations… et de voir autre chose que la gare de RER", poursuit-il, rappelant donc que 72% des internes pourraient avoir envie de s’installer à proximité de leur stage grâce à la mise à disposition d’un logement. "Ça ne va sûrement pas tout résoudre, mais ça va participer à la boite à outil pour re-mailler le territoire. Il faut donner envie aux jeunes de s’installer, pas leur imposer ! Le message doit être ‘venez voir comment ça se passe chez nous’."
Mais attention, précise-t-il… si une solution doit être proposée, elle devra tenir compte de la spécificité de la situation des futurs médecins, qui plébiscitent majoritairement le logement en résidence, seul ou à partager en colocation, situé à proximité de leur lieu de stage, même s’ils préféreraient que ce dernier soit situé en dehors de la structure dans laquelle ils exercent. "Les logements proposés devraient par ailleurs prendre en compte la situation des internes qui sont aux prémices de leur vie de famille", souligne également le président du syndicat.
Un argument essentiel à l’aube de la mise en place de la quatrième année d’internat. "Les internes seront encore plus installés dans leur vie et moins mobiles. Il faut bien avoir en tête que l’allongement de l’internat ne doit pas dégoûter de ces territoires car ils représentent trop de contraintes à un moment de sa vie où on veut se projeter. C’est important d’avoir des leviers qui donnent envie, qui incitent", met en garde Cédric Cardoso.
Des solutions qui existent déjà
"Développer des solutions de logement pour les internes sur le territoire francilien s’avère donc aujourd’hui une nécessité", conclut Cédric Cardoso, qui met en avant la solution des internats ruraux, par exemple. Mais ce n’est pas la seule existante : des communes situées en zones sous-denses s’attachent déjà à mettre en place des maisons des internes, "subventionnées par des acteurs locaux".
Selon l’enquête du SRP-IMG, 6 internes franciliens sur 10 ont estimé qu’ils étaient davantage exposés aux risques psychosociaux en stage ambulatoire par rapport aux stages hospitaliers. Ils expliquent notamment cela par l’isolement vis-à-vis des autres internes par rapport au travail d’équipe hospitalier, une plus grande responsabilité vis-à-vis des patients et un rythme de travail intense avec notamment des horaires souvent trop élargis.
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