Coronavirus : à virus émergent, questions en suspens…

28/02/2020 Par Brigitte Blond
Infectiologie
Faute de réponses encore définitives aux rafales de questions soulevées par ce nouveau virus, les experts avancent à pas mesurés.

Le Pr Pierre Tattevin est chef du service des Maladies infectieuses au CHU de Rennes.   Egora : Ce coronavirus est-il plus contagieux que le virus de la grippe saisonnière ? Pr Pierre Tattevin : Il semble que non. A partir d’un patient zéro, d’un cas index, qui ne prendrait aucune précaution pour éviter la transmission, 2 à 3 cas secondaires surviendraient, à l’image de ce qui se produit pour la grippe saisonnière. Par comparaison, le virus rougeoleux est nettement plus contagieux puisqu’un cas index est susceptible de contaminer 15 personnes… Deux phénomènes toutefois accélèrent la transmission du nouveau virus. Un, la population est totalement “vierge“, autrement dit nous n’avons aucune mémoire immunitaire vis-à-vis du coronavirus, à l’inverse de ce qui se passe pour la grippe où les Français ont été peu ou prou vaccinés, ont pu rencontrer un virus proche les années passées. Second facteur favorisant d’épidémie galopante, la durée d’incubation, courte : 5 jours à peine sont nécessaires pour générer un cas secondaire, puis tertiaire, etc. C’est ainsi que l’Italie a tardé à identifier les prémisses de l’épidémie, et ne l’a fait qu’après plusieurs cycles de transmission.   Cette nouvelle épidémie ne nous fait-elle pas oublier l’épidémie de grippe ? Certes l’épidémie de grippe saisonnière, qui tue bon an, mal an près de 10 000 personnes par an en France, sévit encore… mais cette seconde épidémie, à coronavirus, s’ajoute à la première.
Ce que l’on sait de ce nouveau virus...

de la famille des coronavirus, c’est que le taux de mortalité de l’infection est de 2 à 3 %, un chiffre qui évoluera sans doute quand on en saura davantage sur le nombre de personnes effectivement contaminées. A cet égard, l’histoire de la grippe saisonnière est plus informative, puisque l’on sait les millions de personnes infectées et la mortalité liée au virus grippal, directement ou en raison des comorbidités des personnes plus fragiles qui en sont les premières victimes. Ici, pour ce coronavirus, les plus vulnérables sont à l’évidence les plus “âgés“, dès 50 ans, souffrant de comorbidités, cardiovasculaires et respiratoires en particulier.     Comment se protéger du virus et peut-on traiter la maladie ? Si le SARS-CoV-2, à l’origine de l’épidémie de Covid-19 (pour coronavirus infectious disease 2019), se transmet par les particules aérosolisées émises à l’occasion d’éternuements ou de toux et probablement par les mains sales, plusieurs contaminations se sont produites via des personnes a ou paucisymptomatiques. Des patients a priori en parfaite forme, qui ne toussent pas, pourraient être ainsi vecteurs, ce qui ne facilite pas la prévention ! S’agissant des traitements, le virus n’est connu que depuis deux mois, mais deux autres coronavirus responsables d’épidémies chez l’Homme, le SRAS en 2002 et le MERS en 2012, ont ouvert la voie des recherches. Nous avons aujourd’hui, en dehors de la prise en charge symptomatique, deux options de traitement. La première, le remdesivir, de la classe des analogues nucléotidiques, testé sur le virus Ebola, paraît actif, in vitro au moins, sur le coronavirus. Les caractéristiques (pharmacocinétique, posologie, tolérance, etc.) de ce médicament, mis à disposition pour des cas sélectionnés via l’Agence du Médicament, sont connues. Le deuxième candidat traitement, dont les composantes sont déjà sur le marché, est en fait une combinaison de ribavirine (éprouvée pour le traitement -passé- de l’hépatite C) et d’une association de lopinavir-ritonavir (deux antirétroviraux indiqués pour le traitement de l’infection à VIH). Chacun des services, des différents pays touchés par l’épidémie, décidant du traitement le plus approprié. Aucune publication aujourd’hui ne vient à l’appui d’une autre possibilité de traitement…  

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