Dépistage des cancers de la peau en pharmacie : les dermatologues appellent à la vigilance
Les dermatologues se montrent critiques vis-à-vis du dispositf Pharmabest, mis en place début juin, et qui permet de faire photographier ses grains de beauté dans trois officines seulement pour le moment, à Paris, Marseille et Alès (Gard). Le cliché, pris par dermatoscope, est examiné à distance par un dermatologue, qui envoie son diagnostic au patien, pour un tarif de 28 euros, non remboursés.
La Société française de dermatologie (SFD), la Fédération française de formation continue en dermato-vénéréologie (Fffcedv) et le Collège des enseignants en dermatologie de France (Cedef) ont condamné lundi 25 juin, dans un communiqué commun, "une initiative conçue par un groupement pharmaceutique privé et ne s'appuyant que sur un tout petit nombre de dermatologues". Selon le président de la SFD, Pascal Joly, "quatre dermatologues, sur 4 000 en France, y sont associés". "Ce dispositif, par sa taille, n'aura aucun bénéfice pour la santé publique. Pire, c'est potentiellement dangereux, parce que les gens vont montrer des lésions spectaculaires, or souvent les mélanomes n'en sont pas. Ils risquent d'être faussement rassurés", a-t-il expliqué à l'AFP. En outre, les médecins généralistes sont complètement absents de ce dispositif alors qu’ils "jouent un rôle de premier plan et doivent rester au cœur du dispositif de dépistage des cancers cutanés", affirment les 3 sociétés savantes dans un communiqué commun. En effet, dans l’immense majorité des cas, le diagnostic de mélanome ne résulte pas de l’examen d’une lésion suspecte que le patient est venu montrer spontanément, mais d’un examen complet du corps entier "que seuls un médecin généraliste ou un dermatologue sont à même de réaliser efficacement". "Une politique ambitieuse de dépistage des cancers cutanés doit s’appuyer sur les médecins généralistes et les dermatologues, dans des conditions d’examen des patients satisfaisantes, et ayant bénéficié d’une formation en matière de dépistage des cancers cutanés. Conditions qui ne paraissent pas remplies dans le contexte proposé pour ce dépistage", insistent les dermatologues dans leur communiqué. Ils ne cautionnent pas cette initiative et conseillent aux patients souhaitant se faire dépister de consulter leur médecin généraliste ou un dermatologue pour le dépistage des cancers cutanés. A l’opposé, l'organisation professionnelle des dermatologues soutient pour sa part l'expérimentation de Pharmabest. "Il ne s'agit pas de diagnostiquer ni de dépister, mais de donner son avis sur la lésion qui inquiète, et surtout, d'inciter à se faire dépister dans un cabinet de dermatologue", a déclaré à l'AFP le vice-président du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues, Marc Perrussel. "Le message qui sera envoyé sera de dire : montrez la totalité de votre épiderme à un médecin, car c'est très important de le faire", a-t-il ajouté. Les cancers de la peau sont de plus en plus fréquents en France, avec un nombre de nouveaux cas qui a triplé entre 1980 et 2012, selon l'Institut national du cancer. Près de 1 800 personnes meurent chaque année après un mélanome cutané.
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