Dermatites atopiques, psoriasis, acné… Haro sur le stress

15/04/2021 Par Charline Delafontaine
Dermatologie
Une nouvelle étude en vie réelle alerte sur l’impact du stress sur l’état de santé et la qualité de vie des patients souffrant d’une maladie cutanée inflammatoire.
 

La dermatite atopique, le psoriasis, l’acné et la maladie de Verneuil touchent près de 10 millions de Français, et sont responsables d’une altération de la qualité de vie des patients avec des répercussions nettes sur leur vie sociale, professionnelle et intime notamment. Dans le cadre de la nouvelle édition du Printemps des Maladies Cutanées Chroniques Inflammatoires, cinq associations de patients (Association Française de l’Eczéma, France Psoriasis, Solidarité Verneuil, l’Association Française pour la Recherche sur l’Hidrosadénite, ainsi que France Acné Ados Adulte), ont dévoilé les résultats préliminaires d’une étude en vie réelle conduite par questionnaire, qui visait à évaluer le stress ressenti chez les patients souffrant de dermatoses inflammatoires. Cette enquête a été réalisée de décembre 2020 à février 2021, chez plus 7 273 patients répondants : plus de 2 500 patients souffrant d’eczéma, près de 2 400 ayant un psoriasis, 1 600 acnéiques et 800 souffrant de la maladie de Verneuil. Les premiers résultats montrent que d’une manière générale, 66% des patients souffrant de dermatoses sont en état de stress non maîtrisé, 41% des interrogés estiment que leur dermatose s’aggrave, 25% des patients jugent que l’impact de la maladie sur leur vie est important (selon l’Index de Qualité de Vie ou DLQI), 56% se déclarent satisfaits de leur prise en charge et 9% ont accès à un psychologue. Le Pr Laurent Misery, Dermatologue au CHU de Brest, et parrain de la première édition du Printemps des Maladies Cutanées Chroniques Inflammatoires détaille les interactions existant entre le stress et ces pathologies cutanées.   Egora-le Panorama du Médecin : Que sait-on des relations entre stress et maladies cutanées chroniques inflammatoires ? Pr Laurent Misery : Quelle que soit la maladie cutanée inflammatoire, on sait que le stress conduit au relargage de neuromédiateurs pro-inflammatoires dans la peau, par l’intermédiaire des terminaisons nerveuses ou en provenance du flux sanguin. Bien entendu, on ne peut pas en déduire que le stress est à l’origine d’une maladie comme on l’entend souvent… Il s’agit bien de sortir de l’idée que les maladies cutanées sont des maladies psychosomatiques. En revanche, le stress peut effectivement aggraver ou révéler une maladie, ou encore déclencher des poussées. En plus des mécanismes communs, il faut bien comprendre qu’il existe une susceptibilité individuelle, laquelle est variable dans le temps. Aussi, dans certains cas, la part du stress peut être majeure alors que dans d’autres, elle peut être nulle.   Le stress lié à la pandémie est-il en cause dans l’aggravation de l’état de santé des patients interrogés dans le cadre de cette étude ? Cela n’a pas encore été étudié à ma connaissance, mais effectivement le stress...

lié à la pandémie est probablement un des facteurs à l’origine de l’aggravation des maladies cutanées en cette période.   Les patients souffrant de dermatoses inflammatoires son aussi sujets aux symptômes anxio-dépressifs … Oui, de nombreuses études le montrent. Selon la méthodologie utilisée, les résultats sont différents mais on peut retenir que le risque de présenter une dépression est 2 à 3 fois supérieur chez ces patients par rapport à une population non atteinte. Ces dermatoses sont donc une des causes des troubles psychiques. Ceux-ci vont aussi aggraver les dermatoses, par les mécanismes évoqués précédemment, mais aussi par des mécanismes non biologiques, comme une moindre adhésion aux traitements.   Que conseiller pour améliorer la prise en charge des patients souffrant de dermatoses inflammatoires ?   Chez certains patients, il peut être utile de conseiller la pratique des techniques qui aident à la gestion du stress (psychothérapies, yoga, méditation, relaxation, etc…) ou même de prendre des psychotropes… Mais il ne s’agit pas pour autant de tout psychiatriser ! Il me semble également important que les médecins soient bien conscients du fait que les maladies cutanées, en particulier par les altérations de l’image corporelle et le prurit, sont très difficiles à vivre et qu’elles sont une importante cause de stress. Il y a donc rapidement installation d’un cercle vicieux entre stress et maladie cutanée…. Il me semble ainsi primordial de rompre ce cercle vicieux en apportant à nos patients les traitements les plus efficaces et parfois en proposant un soutien plus holistique.   *Le Pr Laurent Misery déclare n’avoir aucun lien d’intérêts

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