Feuille de route en psychiatrie : les efforts continuent

10/02/2020 Par Corinne Tutin
Psychiatrie
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a dressé le bilan de son action en psychiatrie lors du congrès de l’Encéphale qui a eu lieu à Paris du 22 au 24 janvier 2020. Généralisation du dispositif Vigilans, programmes de prise en charge des psychotraumatismes, intégration des psychologues, constituent quelques uns des axes de développement prévus par la ministre.
 

Il y a un an et demi, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, avait présenté une feuille de route " Santé mentale et psychiatrie " comportant 37 actions. Dressant un point d’étape de cette feuille de route, pour laquelle elle estime que " le cap est tenu " les 10 mesures prioritaires identifiées en 2019 étant déployées, la ministre a annoncé aux psychiatres français, lors du congrès de l’Encéphale, la poursuite en 2020 de l’effort budgétaire en faveur de la psychiatrie. Un budget d’au moins 140 millions d’euros supplémentaires devrait ainsi être alloué en 2020 aux établissements de soins psychiatriques. " C’est la progression la plus importante depuis 10 ans ", a déclaré la ministre.
Agnès Buzyn a aussi annoncé quelques mesures concrètes comme la généralisation du dispositif de prévention du suicide Vigilans (qui repose sur le suivi à la sortie des structures de soins, urgences, hôpital, des sujets ayant fait une tentative de suicide) " dans toutes les régions françaises d’ici 2021 ". Au 30 novembre, ce programme avait concerné 14 000 patients suicidants de 9 régions. Cinq nouveaux dispositifs de prise en charge du psychotraumatisme seront aussi mis en place en 2020, " pour mieux accompagner les territoires dans le développement des mesures de lutte contre les violences faites aux enfants notamment ". Par ailleurs, la ministre a signalé que le parcours de soins, pourrait intégrer davantage les psychologues, selon des conditions qui seront définies en 2020.

Les principes directeurs de l’action en faveur de la psychiatrie sont, a rappelé Agnès Buzyn, de développer " une approche intégrée de la santé mentale ", " prenant en compte la parole et l’expérience des patients et leurs familles ", n’oubliant pas la réhabilitation psycho-sociale, avec " une offre ambulatoire plus forte pour la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ". La réduction des soins sans consentement, de la contention continueront à être des objectifs pour 2020, " et un observatoire des droits des patients devrait être mis en place d’ici l’été 2020 ", a-t-elle indiqué.   Développement des Projets Territoriaux de Santé Mentale La ministre s’est félicitée que le déploiement des Projets Territoriaux de Santé Mentale (PTSM), qui représente une des dix mesures prioritaires de la feuille de route, avance, " 103 PTSM ayant été identifiés par les Agences régionales de santé (ARS) et 12 arrêtés, 5 Contrats territoriaux de santé ayant été signés ". Ces PTSM seront finalisés avant juillet 2020. Pour la ministre, " les premières éditions des deux appels à projets nationaux " (fonds d’innovation organisationnelle doté de 10 millions d’€ et plan pédopsychiatrie doté de 20 millions d’€ ) " révèlent aussi une forte... mobilisation pour remettre à niveau et transformer l’offre en psychiatrie dans les territoires vers plus d’ambulatoire, de partenariat, et d’inclusion ". Pour le premier plan, 42 projets ont été retenus et 35 pour le second. Ces financements ont complété les 80 millions d’euros de crédits alloués en 2019, qui ont contribué à la création de nouveaux dispositifs de soins en psychiatrie : équipes mobiles du sujet âgé, équipes ambulatoires de crise, équipes en liaison avec les services d’urgence.  " Les deux plans nationaux seront reconduits en 2020 pour le même montant global de 30 millions d’€ ", a mentionné la ministre.    Agnès Buzyn a décrit d’autres améliorations concernant " l’axe insertion sociale-citoyenneté " de la feuille de route. Par exemple, plus de 500 Groupes d’Entraide Mutuelle ont été recensés. Ce qui devrait contribuer à réduire l’isolement des patients.   Des mesures pour l’insertion des patients Mais, pour la ministre, d’autres mesures générales pourraient améliorer les capacités d’insertion des patients, comme celui de l’emploi accompagné, qui offre un soutien aux employeurs de travailleurs handicapés, " et qui accueillait mi-2019 plus de 2000 personnes, dont beaucoup avec des troubles psychiques ", ou le nouveau dispositif " habitat inclusif ", créé par la loi ELAN, destiné à favoriser la mise en œuvre de logements pour des personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie. " Les premiers appels à candidatures ont été lancés en octobre 2019, a mentionné Agnès Buzyn. La ministre a aussi parlé de la nouvelle Complémentaire Santé Solidaire, qui concernera les bénéficiaires de l’Allocation aux adultes handicapés, et pourrait améliorer la prise en charge financière de certains soins. Revenant sur le plan " Investir pour l’hôpital ",  qui a attribué 150 millions d’euros aux établissements de soins pour acheter du matériel, Agnès Buzyn a indiqué qu’il concerne aussi les établissements publics de santé mentale. La réforme du financement de la psychiatrie prévue pour 2021 se poursuit, par ailleurs.

Enfin, la ministre a confirmé l’organisation par la France du prochain sommet mondial sur la santé mentale en octobre prochain à Paris sur le thème des " droits de la personne avec handicap psychique ".
 

Prendre soins de la santé somatique des malades
Agnès Buzyn a également insisté sur le fait que " le parcours de soins  ne doit pas oublier une meilleure prise en charge de la santé somatique des personnes ayant des troubles psychiques ", grâce en particulier " à une meilleure collaboration entre psychiatrie, soins primaires et établissements sociaux et médico-sociaux ".
Dans un contexte, " où il faut composer avec une ressource médicale rare ", elle estime qu’une meilleure répartition des tâches entre professionnels médicaux et paramédicaux, comme les infirmiers en pratique avancée (IPA) mention psychiatrie et santé mentale, pourrait faciliter cette prise en charge. Cette formation universitaire a démarré dans une quinzaine d’universités à la rentrée 2019.

 

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