Hydroxychloroquine : une étude chinoise montre pour la première fois une efficacité sur les lésions pulmonaires
Cette étude réalisée dans la région de Wuhan a porté sur 62 patients infectés ayant un âge moyen de 44,7 ans (53,2% de femmes). Ils présentaient des symptômes de pneumopathie mais sans détresse respiratoire, traités par oxygénothérapie, antiviraux, et antibiotiques, sans plus de précisions. La moitié des patients ont reçu de l'hydroxychloroquine (HCQ, 400 mg/jour). L’évolution clinique a été mesurée sur les scanners pulmonaires, réalisés avant le début de l'étude, et après cinq jours de traitement. Les résultats ont montré que les patients du groupe HCQ présentaient une amélioration de leurs lésions pulmonaires supérieures à ceux du groupe placebo, avec une amélioration chez 80,6% d'entre eux (dont 61,3% d’amélioration notable), contre 54,8% pour le groupe contrôle. L’efficacité sur les symptômes s’est avérée aussi supérieure, avec une disparition plus rapide de la fièvre et de la toux. 4 patients ont évolué vers une maladie grave ; ils appartenaient tous au groupe contrôle. Enfin 2 patients ont présenté des effets indésirables bénins (rash, céphalée) dans le groupe de traitement HCQ.
Les auteurs restent cependant prudents, concluant que « le potentiel de HCQ dans le traitement de Covid-19 a été partiellement confirmé ». Et que, « en l’absence de meilleure option à l’heure actuelle », l’utilisation de l’HCQ contre le Covid-19, sous surveillance rapprochée, apparait « prometteuse ». L’étude présente cependant plusieurs lacunes méthodologiques, et en premier lieu la faiblesse de son effectif, et l’absence de données virologiques. En outre, certains experts s’interrogent sur le fait que l'étude ne correspond pas à sa déclaration préalable qui annonçait trois cohortes différentes de 100 patients chacune avec une évaluation finale de charge virologique, alors que finalement elle se contente de résultats cliniques. Le traitement standard utilisé n’est pas décrit de façon détaillée ; et les auteurs ne précisent également pas « les caractéristiques des patients exclus » de l'étude (80). Enfin, il persiste des doutes sur les conditions de réalisation du double aveugle. Par ailleurs, ces données vont à l’encontre d’une précédente étude chinoise qui ne montrait aucun bénéfice de l’ajout de l’HCQ. Une étude française spécifique à l’hydrochloroquine Pour « clore le débat », une équipe française du CHU d'Angers a annoncé le lancement d'une étude « aux standards scientifiques et méthodologiques les plus élevés », portant sur 1 300 patients atteints du Covid-19 et réalisée « dans des conditions qui ne laisseront pas de place au doute dans l'analyse des
résultats », selon le Pr Vincent Dubée, initiateur du projet. Baptisée Hycovid, l'étude doit commencer dès mercredi et sera menée en « double aveugle ». Il s'agira de patients âgés de plus de 75 ans ou ayant besoin d'oxygène sans être « en détresse respiratoire aigüe ». « Une des forces de cette étude, est qu'elle va inclure des patients atteints d'une forme de la maladie non grave mais à risque élevé d'évolution défavorable, comme certaines personnes âgées. Nous traiterons donc les personnes précocement, ce qui est probablement un élément déterminant de la réussite de la prise en charge », a souligné le Pr Dubée. Les premiers résultats devraient être connus dans « quelques semaines ».
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