Dans un communiqué daté du 27 mars, l’Académie nationale de Médecine se positionne ainsi contre la décision de l’Etat d’autoriser ce traitement pour les malades atteints de forme sévère. Elle considère que « la libération par les pouvoirs publics de l’hydroxychloroquine pour les malades hospitalisés en détresse respiratoire ne saurait être une réponse adaptée pour des patients dont la charge virale est, à ce stade, le plus souvent inexistante et dont la maladie n’est plus une virose stricto sensu mais une défaillance pulmonaire (syndrome de détresse respiratoire aigu) liée à l’inflammation induite par le Sars-CoV-2 ». Pour les 2 Académies, au vu des données actuelles de la science, l’hydroxychloroquine n’a pas prouvé son efficacité. « Des présomptions existent cependant, en particulier la négativation de la charge virale d’un certain nombre de patients ». Ces données justifient en revanche pleinement la mise en œuvre « urgente » d’essais cliniques afin de tester ce produit sur des critères cliniques, comme c’est le cas de l’essai européen Discovery qui dispose, selon les académiciens d’une bonne méthodologie, qui permettra de déterminer si l’hydroxychloroquine ou d’autres molécules antivirales ont une efficacité chez les patients Covid-19.
Les Académies nationales de médecine et de pharmacie s’inquiètent des conséquences directes et indirectes de cette utilisation de l’hydroxychloroquine, et en particulier du risque d’automédication par des personnes non atteintes, « à des fins souvent plus préventives que curatives » sans prescription ni surveillance...
médicale, avec un risque « de possibles effets indésirables particulièrement délétères chez les sujets âgés », ainsi que du risque d’intéractions médicamenteuses chez ces sujets polymédiqués, même lorsque le traitement est utilisé sur des durées courtes. Elles s’inquiètent en particulier « de l’utilisation possible, sinon probable de ce médicament sans contrôle électrocardiographique initial ni suivi, notamment en raison de la possibilité de cardiomyopathies ou d’induction de troubles du rythme cardiaque ». En outre, elles soulignent le risque de confusion possible dans la population entre chloroquine et hydroxychloroquine, de la vente d’hydroxychloroquine sur Internet, voire de la vente de médicament falsifié. Enfin, elles rappellent que la ruée vers ces traitements pourrait entrainer une difficulté à se procurer l’hydroxychloroquine pour les patients présentant une maladie auto-immune ou un rhumatisme inflammatoire « alors qu’elle est indispensable à la poursuite de leur traitement habituel ». Méfiance aussi pour le CNGE Cette prudence est partagée par le Collège national des généralistes enseignants qui, dans un communiqué daté du 27 mars, souligne la faiblesse méthodologique de l’étude française, qui présente « niveau de preuve insuffisant inhérent à de nombreux et sérieux biais méthodologiques ». En particulier, le CNGE souligne l’absence de randomisation, de double insu et de placebo, la faiblesse de l’effectif, les stades différents de la maladie, une comparabilité incertaine des 2 groupes à l’inclusion, le choix d’un critère de jugement principal biologique (charge virale), un prélèvement et une mesure de la charge virale non centralisés, une date d’analyse finale au sixième jour critiquable, une analyse statistique non ajustée, et un rationnel inconnu de l’association à l’azithromycine. Traitements antihypertenseurs et coronavirus : un mal ou un bien ? En conséquence, le conseil scientifique du CNGE recommande aux médecins généralistes « de ne pas prescrire ce médicament en ambulatoire ». Il souligne les risques inhérent à une telle prescription qui « serait contraire à l’éthique médicale car le risque (connu) est potentiellement supérieur à l’efficacité (non établie) dans une population ambulatoire qui guérira spontanément dans plus de 80% des cas ». A l’heure actuelle, le CNGE considère que l’utilisation de l’hydroxychloroquine doit être réservée aux essais thérapeutiques ».
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