Il faut conseiller aux femmes diabétiques enceintes de tirer leur lait en fin de grossesse

08/06/2017 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie

Les enfants nés de mères diabétiques ont un risque élevé d’être hospitalisés en unités de soins intensifs néonataux pour hypoglycémie et donc de ne pouvoir être nourris au sein de manière exclusive durant les premiers jours de vie.

C’est pour cela que nombreux cliniciens encouragent les femmes diabétiques enceintes à tirer leur lait et à le stocker en fin de grossesse pour nourrir leur enfant en soins intensifs, s’il a besoin d’y être hospitalisé. Pour autant, aucune étude n’a jusqu’à maintenant étayé la sécurité et l’efficacité de cette méthode. Afin de les déterminer, une étude multicentrique en deux groupes, randomisée et contrôlée, a été menée dans 6 hôpitaux à Victoria, en Australie. Des femmes ayant un diabète préexistant ou un diabète gestationnel et une grossesse unique ont été recrutées entre la 34 et la 37ème semaine de gestation et assignées de manière randomisée soit à tirer leur lait 2 fois par jour à partir de la 36ème semaine de gestation, soit à une prise en charge habituelle. Le critère d’évaluation principal était la proportion d’enfants admis en unité de soins intensifs néonataux. Entre juin 2011 et octobre 2015, 635 femmes ont été recrutées et assignées de manière randomisée : 339 pour tirer leur lait en anténatal et 316 pour une prise en charge habituelle. Trois n’ont pas été incluses dans l’analyse principale. La proportion d’enfants admis en unité de soins intensifs n’a pas été différente entre les groupes (46, soit 15 % des 317 femmes assignées au groupe qui tiraient le lait en anténatal et 44, soit 14 % des 315 assignées à la prise en charge habituelle). Le risque relatif ajusté était de 1.06 (IC 95 % = 0.66 à 1.46). Néanmoins, la proportion d’enfants recevant exclusivement du lait maternel dans les 24 premières heures de vie et au cours du séjour hospitalier initial tendait à être plus importante où les femmes tiraient leur lait en anténatal (217 soit 67%) en comparaison de celles qui ne le faisaient pas (189, soit 60%) donnant un risque relatif ajusté de 1.15 (IC 95 % = 1.02 à 1.28). Dans le groupe où les femmes tiraient leur lait en anténatal, les événements graves les plus fréquents chez les enfants étaient l’admission en soins intensifs néonataux pour troubles respiratoires (3 des 317 enfants soit < 1 %) ; dans le groupe prise en charge habituelle, l’événement secondaire le plus sérieux était l’encéphalopathie modérée à sévère, avec ou sans crise convulsive (3 des 315 enfants, soit < 1 %). En conclusion, il n’y a pas de danger à conseiller aux femmes diabétiques enceintes, à faible risque de complication, de tirer leur lait à partir de la 36ème semaine de gestation.

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