Des études récentes suspectent l’implication de polluants atmosphériques ou contenus dans l’eau dans l’apparition d’anomalies rénales pédiatriques. Une session du congrès de la Société française de pédiatrie (2 au 4 novembre), a permis de faire le point sur les données actuellement disponibles. « Le rein de l’enfant est particulièrement impacté par l’environnement », a expliqué le Dr Justine Bacchetta (Hôpital mère-enfant, Bron). Cet organe est, en effet, une cible idéale des toxiques, car le flux rénal représente 20 à 25 % du débit cardiaque ; ce qui amène facilement ces substances à proximité des cellules rénales. Glomérule, tubule proximal, tubule distal et vaisseaux peuvent être touchés. Les substances incriminées sont nombreuses : médicaments, drogues (ecstasy, cannabis, cocaïne), éthylène glycol du liquide de refroidissement « très appétent pour les jeunes enfants en raison de son goût sucré et de sa consistance ressemblant à celle d’un sirop ». Dans des pays tropicaux, des insuffisances rénales aiguës après piqûre de chenille, de serpents sont également observées. Certains procédés de l’industrie agro-alimentaire sont aussi dangereux. En 2008, une « épidémie » de lithiases a ainsi été constatée chez des enfants chinois après présence anormale à doses fortes de mélamine, une résine, dans le lait infantile. Plusieurs études suggèrent aussi que la pollution pourrait avoir des effets délétères pour le rein. La cohorte américaine Nhanes, qui a suivi de 2009 à 2014, 2 709 adolescents de 12 à 19 ans a ainsi décrit une relation entre concentration urinaire de plomb, cadmium, mercure et arsenic d’une part, et microalbuminurie d’autre part, signe précoce de dysfonction rénale. Antérieurement, une étude conduite en 2003 chez 205 enfants vivant au bord de la mer d’Aral, une zone du globe particulièrement polluée par toutes sortes de composés chimiques : insecticides, pesticides, herbicides, défoliants, avait mis en évidence, dans les zones les plus à risque, des signes d’atteinte tubulaire précoce. Enfin, en 2019, une étude menée chez 27 081 enfants coréens a conclu à une prévalence de la protéinurie multipliée par 1,5 chez ceux vivant en zone urbaine par rapport à ceux vivant en zone rurale, avec une association entre protéinurie et présence de métaux lourds dans les eaux de boisson, tabagisme, et exposition aux particules fines (1). Impact de la qualité de l’eau La qualité de l’eau pourrait jouer un rôle important. Une publication très récente suggère ainsi qu’au Wisconsin, les nitrates, qui sont le principal polluant des rivières dans cet état américain, pourraient être à l’origine de 111 à 298 cas par an de cancer du rein, de la vessie, du côlon et du rectum et de l’ovaire en plus de provoquer 137 à 149 naissances de bébé de faible poids, 72 à 79 cas de grande prématurité et 2 cas de défaut de fermeture du tube rénal (2). Ce qui aurait un coût colossal en termes de dépenses directes de santé : 23 à 80 millions de dollars US par an. « Il faut peut-être s’inquiéter de la qualité des eaux en France, laquelle est très variable d’une région à l’autre », a indiqué le Dr Bacchetta. Les données encore préliminaires d’une étude épidémiologique sur le syndrome néphrotique de l’enfant ont, en effet, identifié en région parisienne des clusters près des rivières. Ce qui laisse suspecter une influence environnementale.
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