Médicaments anticancéreux : la Ligue dénonce l’aggravation des pénuries
La Ligue contre le cancer tire à nouveau le signal d’alarme concernant les pénuries de médicaments anti-cancéreux en France, à l’origine de pertes de chances pour les patients. Elle affirme, dans un communiqué daté du 20 septembre, que, non seulement ces pénuries n’ont pas diminué, mais qu’en outre, elles se sont aggravées. Les entreprises du médicament (Leem) dénoncent des affirmations erronées. « La lutte contre les inégalités - d'accès aux soins notamment - est l'une de mes priorités en tant que président de la Ligue contre le cancer. Comment assurer la continuité des soins pour toutes les personnes malades avec la même efficacité si l'on est confronté à des pénuries de médicaments récurrentes ? Comment peut-on expliquer à ces personnes, qui se battent déjà au quotidien contre la maladie, que leur médicament n'est pas disponible ? Près de deux ans après avoir été annoncée, l'obligation de stock de deux mois est appliquée a minima. C'est une avancée, mais elle reste insuffisante. Les personnes malades ne peuvent attendre, leur santé en dépend. En leurs noms, la Ligue poursuit le combat » explique Daniel Nizri, président bénévole de la Ligue contre le cancer. Une enquête, menée en 2019 a mis en évidence que 74 % des professionnels de santé ont déjà été confrontés à des pénuries de médicaments anticancéreux. Et les 3/4 d'entre eux avaient le sentiment d'une aggravation de la situation sur les dix dernières années. Les effets sur les patients sont, bien entendus catastrophiques. L’enquête montre que 94 % des malades confrontées à une pénurie sont inquiets ou en colère, ou sont dans l’incompréhension... Des sentiments partagés par les professionnels : 75 % affirment que les pénuries ont entraîné des pertes de chances pour leurs patients. Selon la ligue, environ 10 % des médicaments utilisés en cancérologie font l'objet de situations de pénuries chaque année. Et la crise sanitaire a aggravé la situation. Elle a mis en exergue, les risques liés à la délocalisation de la production de médicaments en période d’augmentation des besoins. « Les personnes malades subissent aujourd'hui directement les conséquences de l'errance des décisions industrielles et politiques » affirme la Ligue qui souhaite que « les actions de la feuille de route lancée en juillet 2019 par la ministre Agnès Buzyn soient « remises à l'agenda politique ». Face à cette « inaction », elle réitère se demandes : réitère ses demandes :
- Recenser de façon systématique, des personnes qui n'ont pas eu accès au médicament prescrit en premier lieu
- Mettre en place un système d'informations sur les pénuries de médicaments, à destination des professionnels de santé, particulièrement ceux exerçant en ville, pour renforcer la transparence
- Améliorer le droit à l'information des personnes malades soit respecté et appliqué, notamment grâce à la création d'un système collectif d'informations,
- Mettre en place d'études pour mesurer les pertes de chances causées par les pénuries.
- Des dispositions réglementaires sur les pénuries et des sanctions financières en cas de non-respect de ces dernières.
La Ligue se mobilise à nouveau à travers une campagne (réseaux sociaux, dont le thème est : « Il parait que l'espoir fait vivre... les médicaments, c'est sûr ! » Les rectifications du Leem Les entreprises du médicaments (le Leem) ont réagi immédiatement à cette nouvelle campagne de la Ligue affirmant, dans un communiqué daté aussi du 20 septembre, vouloir « rétablir la vérité » sur ce sujet et « rectifier les faits et les chiffres ». Le Leem affirme, en effet, que ce ne sont pas les pénuries qui sont en hausse, mais les signalements « ce qui témoigne de l’action renforcée des entreprises pour informer de manière anticipée l’ANSM des risques ou tensions de la chaîne d’approvisionnement ». Ainsi, en 2020, l’ANSM a reçu au total 2 446 signalements de risques de ruptures de stocks (réelles ou difficultés anticipées) pour la mise à disposition de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), contre 1 504 déclarations en 2019. Mais seuls 5 % à 10 % de ces signalements ont nécessité une action spécifique de l’ANSM pour assurer l’approvisionnement des patients (alternatives thérapeutiques, importations, restrictions d’usage, contingentements…), soit 120 à 240 médicaments concernés sur un total de 15 000 distribuées en France, précise le Leem. L’organisation insiste aussi sur la nécessité de dialogue entre les parties prenantes sur ce « sujet complexe ». Elle conclut qu’« il ne sera possible d’éradiquer ce phénomène qu’en engageant une réponse collective qui aborde le sujet dans toutes ses dimensions : médicale, industrielle, économique. La moindre rupture réelle est une rupture de trop pour le patient qui la subit. Les patients, comme les professionnels de santé, doivent pouvoir bénéficier d’une information de qualité lorsque ces situations surviennent.
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