Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici), qui touchent 250 000 à 300 000 personnes en France, ont une une incidence en hausse principalement chez les enfants. "Ce sont des maladies très handicapantes qui tuent exceptionnellement", a décrit le Pr David Laharie, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux, nouveau président du Groupe d’étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif (Getaid), lors d’une conférence de presse le 7 décembre. Le mode de vie suspecté Les causes des Mici ne sont pas encore définies de façon certaine mais de fortes présomptions pèsent sur la pollution et le mode de vie occidental, d’autant que la prévalence de ces deux pathologies augmente très rapidement en Europe du Nord-Ouest et aux États-Unis. "On vit mal et on agresse notre organisme au quotidien : environnement, contenu de l’assiette, manque de sport, tabagisme. Les risques sont d’autant plus importants quand on présente une susceptibilité génétique", a indiqué le Pr Laurent Peyrin-Biroulet, gastro-entérologue hépatologue et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Infiny à Nancy. "Mais une vie saine est-elle un facteur de prévention ?", s’est-il interrogé. "Il y a des travaux en cours sur l’alimentation, le microbiote et le tabagisme", a ajouté le Pr Laharie. Trois nouvelles classes médicamenteuses En parallèle, la recherche se poursuit sur les traitements. "Il y a des progrès continuels. On est passé de l’hospitalisation à l’hospitalisation de jour et à l’ambulatoire", a salué Pr Arnaud Bourreille, gastro-entérologue hépatologue à l’Institut des maladies de l’appareil digestif au CHU de Nantes et vice-président du Getaid. Les traitements restent essentiellement symptomatiques. "On ne traite pas la cause des Mici qui est l’hyper-excitation du système immunitaire. On le module", a expliqué la Pre Lucine Vuitton, gastro-entérologue hépatologue au CHU de Besançon. Le traitement de la maladie de Crohn comprend un corticoïde classique (prednisone) pour les formes les plus sévères ou un corticoïde local (budésonide) ; des anti-infectieux (métronidazole, ciprofloxacine) en cas d’infection abdominale ou anale ; un immunosuppresseur (azathioprine, 6-mercaptopurine, méthotrexate) en cas de cortico-dépendance. Des anti-TNF-alpha (infliximab, adalimumab) sont indiqués en cas d’intolérance ou d’échec des immunosuppresseurs de 1re ligne et/ou de cortico-dépendance. De nouvelles molécules (védolizumab, ustékinumab) sont proposées quand les anti-TNF ne sont plus efficaces. Le traitement de la RCH est semblable mais complété lors des poussées par des dérivés aminosalicylés ou 5-ASA (olsalazine, mésalazine). "On passe de la voie parentérale à la voie orale", s’est félicité le Pr Peyrin-Biroulet. En outre, "on voit apparaître trois nouvelles classes : les anti-JAK, les modulateurs des récepteurs des S1P et les anti-interleukine 23. Il existe un espoir important avec une molécule qui s’appuie sur la voie TL1A et qui va avoir son AMM dans deux-trois ans." Vers une médecine personnalisée Des études sont menées sur les possibles effets indésirables de ces innovations, telles que I-Care 2 qui vise à évaluer les risques de survenue de cancers, d’infections et d’événements cardio-vasculaires. Des travaux portent sur la mise au point de traitements plus personnalisés. "L’efficacité de chaque médicament est bonne mais pas excellente : dans seuls 40 à 50% des cas, il y a une rémission complète", a exposé le Pr Bourreille. "On ne sait pas quel médicament choisir pour tel patient, il n’y a pas de biomarqueur d’efficacité. Le Getaid définit les stratégies thérapeutiques, les doses…" L’association, qui fête ses 40 ans, conduit actuellement onze études et annonce sept publications.
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