De 12 à 25% des patients diabétiques (DT) développeront une ulcération du pied si aucune prévention n’a été mise en oeuvre. « La récidive, supérieure à 70% à 5 ans, est très problématique. L’atteinte des membres inférieurs reflète un état micro-vasculaire et macro-vasculaire sévères. De nouvelles données mettent en évidence le lien entre le pied diabétique et la morbi-mortalité cardiovasculaire et cancéreuse », introduit le Pr Kamel Mohammedi, endocrinologue (CHU Haut Leveque, Bordeaux). Près de 5 à 10% des patients DT sont amputés des membres inférieurs, soit plus de 8 300 amputations par an, et 35% à 52% de ceux avec un pied diabétique décèdent dans les cinq ans. Le pied diabétique n’a, jusqu’à aujourd’hui, que très peu bénéficié de progrès thérapeutiques contrairement aux complications macro-angiopathiques, rétiniennes ou rénales qui se traitent mieux ces dernières années. Pour le Dr Olivier Bourron, endocrinologue-diabétologue (AP-HP Pitié-Salpêtrière), « la recherche interventionnelle a ouvert de nouvelles perspectives de prévention et de traitement de la plaie ». Dans la prévention, les nouvelles technologies permettent de repérer les patients ayant une neuropathie diabétique et étant à risque de survenue d’une plaie. Différents systèmes à l’étude pourraient être utilisés prochainement en pratique clinique courante comme les semelles podologiques connectées placées dans les chaussures. Elles identifient les zones d’hyperpression et déclenchent une alarme sur une montre prévenant le patient du risque de plaie. « Les plaies se développent sur les zones du pied soumises à des pressions pathologiques engendrées par des troubles morphostatiques en lien avec la neuropathie diabétique. Ces semelles connectées remplacent le signal d'alarme de la douleur neurologique », précise le Dr Bourron. Une autre innovation : le tapis connecté « Smart Map ». Il mesure d’infimes variations de température entre les deux pieds. L’inflammation localisée provoquée par les zones d’hyperpression lui permet de prédire la survenue d’une plaie dans les 40 jours. « Ces dispositifs ont montré leur efficacité dans les études que ce soit en termes de détection de la survenue de plaies, de mise en place de mesures de prévention du risque podologique et de limitation du risque de survenue de plaies à moyen et long terme. Aux États-Unis, ces systèmes sont déjà utilisés et remboursés par certaines compagnies d’assurance. En France, ils devraient se développer rapidement », poursuit le spécialiste. Pour le traitement curatif aussi Dans le traitement curatif de la plaie du pied, de nouvelles approches thérapeutiques favorisent et accélèrent le processus cicatrisationnel. Les techniques de centrifugation du sang du patient sont des transfusions autologues de concentrés de leucocytes, plaquettes, fibrine, réalisées au lit de celui-ci avec une mini-centrifugeuse. Un LeucoPatch (patch multicouches cellulaires) est produit et appliqué directement sur la plaie. Un autre procédé, l’oxygénothérapie pressurisée locale, consiste à placer le pied dans un sac hermétique dans lequel est insufflé de l'oxygène à haute pression. « Ces techniques ne sont pas encore utilisées en pratique clinique courante mais elles ont fait l'objet de publications dans des journaux de référence et ouvrent une nouvelle voie vers les thérapies ciblées favorisant la cicatrisation », précise le Dr Bourron. Les récents pansements TLC-NOSF ont également montré un haut niveau de preuves. Utilisant des éléments favorisant la reconstitution de la matrice, ils accélèrent significativement la cicatrisation (de +50% à +80% selon les différents temps d’observation de la cicatrisation). Remboursés par la Cnam, ils sont recommandés par les sociétés savantes.
Des mesures de prévention permettent de limiter le développement de l’artérite occlusive. En effet, une plaie associée à une artérite occlusive a un très fort risque d'amputation contrairement à une plaie associée à un bon état vasculaire au niveau des membres inférieurs.
De nouvelles thérapeutiques sont disponibles en France. Les anti-PCSK9, des traitements hypolipémiants de deuxième ou troisième ligne après les statines et l’ézétimibe, interviennent sur les concentrations de LDL-cholestérol. Des études utilisant notamment l’evolocumab ont montré une diminution de 42% d’événements majeurs au niveau des membres inférieurs (amputations, ischémies aiguës, ischémies critiques). Une autre classe médicamenteuse, celle des nouveaux anticoagulants oraux, a fait l’objet de plusieurs études. Le rivaroxaban, un inhibiteur direct du facteur Xa, en association avec l'aspirine, a montré une diminution des événements majeurs (amputations, ischémies aiguës et critiques) de 46% et une diminution de 70% du risque d'amputation majeure au niveau des membres inférieurs.
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