A la lecture du communiqué de la HAS*, publié le 2 mai, la question mérite d’être posée. Car la position de la HAS est celle-ci : « La HAS appelle à la prudence quant à l’utilisation des tests sérologiques, qui ne peuvent aujourd’hui pas permettre d’établir un passeport d’immunité à des fins de déconfinement. » Pour la HAS, cette prudence s’impose par le manque de connaissances sur l’immunité développée par les personnes ayant eu le COVID-19 si bien que cette instance, qui rappelle à chaque occasion son indépendance, ne « les recommande (que) pour les enquêtes épidémiologiques, les diagnostics de rattrapage et la prévention de la circulation du virus dans les structures d’hébergement collectif. » Cette position est contestée par certains, dont Pierre Poindron, virologue, professeur honoraire à l’Université Louis Pasteur (Strasbourg). Pierre Poindron, sur son blog (2) rappelle que « les anticorps neutralisants, dans le cas des virus enveloppés, sont dirigés contre les projections superficielles du virus, et empêchent ce dernier de se fixer sur son récepteur cellulaire », conférant donc une protection immunitaire.
La structure spatiale du récepteur du SARS-Cov-2, à savoir le récepteur de l’ACE2, est désormais connue, de même que l’interaction, parfaitement modélisée, des spicules, ces projections superficielles insérées dans l’enveloppe membraneuse des Coronavirus, avec ce récepteur. Dans un article qui vient de paraître dans la revue Cell (3), les auteurs apportent la preuve que le virus suscite la production d’anticorps neutralisants qui réagissent avec une séquence appelée S, indispensable à la fusion de l’enveloppe virale avec la membrane de l’endosome. Pierre Poindron précise que « les auteurs détaillent la position des sites antigéniques spécifiques que l’on appelle les épitopes, et qui sont impliqués dans la production d’anticorps neutralisants. Très justement, ils concluent que la stimulation de réponses immunitaires humorales polyclonales sont susceptibles de prévenir l’émergence de mutants échappant à la neutralisation ». Et de conclure ainsi : « Dire que les épreuves sérologiques sont dépourvues d’intérêt pour détecter un état d’immunité est donc soit le fruit d’une ignorance incompréhensible, soit un mensonge destiné à masquer une triste réalité : nous n’avons pas assez de tests pour détecter l’état immun de nos concitoyens ». La position très évolutive que le gouvernement a adoptée vis-à-vis des masques, position semblant adaptée à la disponibilité de ceux-ci, suscite bien des interrogations. En sera-t-il de même vis-à-vis des tests sérologiques ?
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