Tour d’horizon sur les bénéfices et les risques du traitement médicamenteux du diabète de type 2

24/04/2023 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme
Les inhibiteurs de SGLT2 et les agonistes du récepteur du GLP1 ont clairement montré des bénéfices chez les patients diabétiques de type 2 pour ce qui concerne les complications cardiovasculaires et rénales, avec des différences notables en termes de complications comme l’insuffisance cardiaque et les accidents vasculaires cérébraux. Des essais randomisés récents ont montré à la fois des bénéfices cardiovasculaires et rénaux associés à la finérénone, un antagoniste spécifique non stéroïdien du récepteur des minéralocorticoïdes nouvellement mis à disposition, et une amélioration de la qualité de vie et de la perte de poids sous tirzépatide, un agoniste double du GIP et du GLP1.

Afin de comparer les bénéfices et les dangers des traitements médicamenteux du diabète de type 2 chez les adultes avec ces nouveaux médicaments que sont la finérénone et le tirzépatide, une revue systématique avec méta-analyse en réseau a été réalisée par une équipe internationale. Tous les essais randomisés contrôlés comparant les médicaments d’intérêt chez les adultes ayant un diabète de type 2 ont été revus. Les essais retenus devaient avoir un suivi de plus de 24 semaines. Les essais comparant de manière systématique les combinaisons de plus d’une classe thérapeutique avec une absence de médicament ou les analyses en sous-groupes des essais randomisés et contrôlés n’étaient pas gardés dans l’analyse. L’analyse a identifié 816 essais portant sur 471 038 patients qui ont évalué 13 classes thérapeutiques différentes. Toutes les comparaisons ont été faites avec le traitement standard. Les inhibiteurs de SGLT2 et les agonistes du récepteur du GLP1 réduisent la mortalité globale (odds ratio pour les inhibiteurs de SGLT2 = 0.88 ; IC 95 % = 0.83 à 0.94 et odds ratio pour les agonistes du récepteur du GLP1= 0.88 ; 0.82 à 0.93). L’utilisation des antagonistes non stéroïdiens du récepteur des minéralocorticoïdes jusqu’à maintenant uniquement représentés par la finérénone chez les patients ayant une néphropathie chronique réduit probablement la mortalité (odds ratio = 0.89 ; 0.79 à 1), les autres médicaments ne le font pas.

Cette étude confirme le bénéfice des inhibiteurs de SGLT2 et des agonistes du récepteur du GLP1 dans la réduction des décès cardiovasculaires, des infarctus du myocarde non fatals, de l’admission à l’hôpital pour insuffisance cardiaque et de l’insuffisance rénale terminale. En comparaison avec les traitements standard, l’adjonction de metformine réduit probablement la mortalité globale et les infarctus du myocarde non fatals. L’adjonction de sulfamide hypoglycémiant augmente probablement la mortalité globale et l’adjonction de thiazolidinediones probablement augmente l’admission à l’hôpital pour insuffisance cardiaque. La finérénone réduit probablement les admissions hospitalières pour insuffisance cardiaque et insuffisance rénale terminale et probablement les décès cardiovasculaires. Seuls les agonistes du récepteur du GLP1 réduisent les AVC non fatals. Les inhibiteurs de SGLT2 sont supérieurs aux autres médicaments dans la réduction de l’insuffisance rénale terminale. Les agonistes du récepteur du GLP1 et probablement les inhibiteurs de SGLT2 et le tirzépatide améliorent la qualité de vie. Les risques rapportés avec ces traitements sont très spécifiques des classes thérapeutiques, par exemple les affections génitales sous inhibiteur de SGLT2, les effets secondaires sévères gastro-intestinaux sous tirzépatide et agoniste du récepteur du GLP1, l’hyperkaliémie amenant à une hospitalisation sous finérénone. Le tirzépatide est probablement à l’origine des réductions les plus importantes du poids corporel (différence moyenne = -8.57 kg). L’insuline basale et les thiazolidinediones entraînent probablement les plus importantes prises de poids (+2.15 kg sous insuline et en moyenne +2.81 kg sous thiazolidinediones). Les bénéfices des inhibiteurs de SGLT2, des agonistes du récepteur du GLP1 et de la finérénone varient chez les patients ayant un diabète de type 2 en fonction du risque basal de complication cardiovasculaire ou rénale. En conclusion, cette méta-analyse en réseau augmente les connaissances allant au-delà des bénéfices substantiels confirmés avec l’utilisation des inhibiteurs de SGLT2 et des agonistes du récepteur du GLP1 dans la réduction des complications cardiovasculaires et rénales et des décès et apporte de nouvelles informations sur la finérénone et le tirzépatide. Ceci veut également dire qu’il faut en permanence alimenter les recommandations cliniques pratiques chez les patients ayant un diabète de type 2 avec l’évaluation continue des progrès scientifiques.

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