De 5 à 15% d'erreurs de diagnostic selon les spécialités : la HAS appelle à se pencher sur le sujet
Selon un récent rapport de la Haute Autorité de santé (HAS), les erreurs diagnostiques affecteraient jusqu'à 10% des interactions cliniques patient-médecin. L'instance préconise plusieurs mesures pour améliorer la sécurité de diagnostic.
La Haute Autorité de santé (HAS) s'est penchée sur les erreurs diagnostiques auxquelles font face les professionnels de santé et les patients. Alors que le "diagnostic est une part importante de l'activité de nombreux" soignants, celui-ci "peut être entaché d'erreurs", "comme tout processus humain", indique l'instance en préambule de son rapport synthétique, qui fait le point sur ce sujet, "pour l'instant peu abordé" en France.
Il ressort de cet état des lieux, publié début novembre, que les erreurs diagnostiques seraient plus communes que les erreurs médicamenteuses, et "affecteraient jusqu'à 10% des interactions cliniques patient-médecin". "Les études à grande échelle dans différents pays ont montré que la part des événements indésirables associés aux soins (EIAS) dus à des erreurs diagnostiques allait de 7 à 36%", écrit la HAS. Aux États-Unis notamment, les décès liés aux erreurs diagnostiques représenteraient 25% de tous les décès par erreur médicale, sachant que les erreurs médicales sont la troisième cause de mortalité du pays.
De plus, plusieurs études américaines montrent que le taux d'erreurs diagnostiques fluctue selon le type de prise en charge des patients. "A l'hôpital, une revue systématique portant sur 80 000 adultes a estimé [ce] taux […] à 0,7%", rapporte l'autorité publique dans son rapport. Toutefois, "dans une autre étude portant sur 29 hôpitaux universitaires, ce taux était de 23% pour les patients hospitalisés qui étaient transférés en soins critiques ou décédaient. En soins critiques, des erreurs diagnostiques ont été constatées chez environ 10% des adultes et des enfants. Dans les services des urgences, il est estimé que 1 patient sur 18 reçoit un diagnostic incorrect. Enfin, en médecine ambulatoire adulte, le taux d’erreurs diagnostiques a été évalué à 5% environ", peut-on lire.
Moins d'erreurs en dermato et imagerie
Au-delà du type de prise en charge, les erreurs varient selon les pathologies et les spécialités médicales concernées, note la HAS. Ainsi, ce taux d'erreurs serait de moins de 5% en dermatologie, imagerie ou anatomie pathologique, et atteindrait jusqu'à 10-15% pour les autres spécialités.
Les conséquences de ces erreurs peuvent pourtant être dramatiques, bien que leur gravité dépende de nombreux critères, souligne la HAS. Elles peuvent notamment entraîner une prise en charge altérée, augmenter la morbidité et la mortalité des patients, et générer un coût sociétal. "Aux États-Unis, le coût annuel des erreurs diagnostiques est estimé à plus de 100 milliards de dollars. En comparaison, le coût des erreurs thérapeutiques n’est estimé qu’à 20 milliards de dollars", précise le rapport.
Enfin, les erreurs diagnostiques ne sont pas sans effet sur les médecins concernés. Aux Etats-Unis, elles sont l'une des raisons les plus courantes des réclamations pour faute professionnelle, notamment pour les cancers. De plus, "le retentissement psychologique d’une erreur diagnostique peut avoir de lourdes conséquences pour un médecin, faisant d’eux des 'secondes victimes'", insiste la HAS.
L'une des difficultés reste la détection et la mesure de ces erreurs diagnostiques, pourtant "nécessaires". Parmi les voies permettant cette détection et cette mesure, la HAS cite notamment la rétro-information des médecins, les signalements effectués par ces derniers – qui doivent être "encouragé[s]" – les signalements par les patients, ou encore l'analyse des dossiers médicaux des patients et des entrepôts de données.
Plusieurs préconisations
Pour éviter de telles erreurs, et atténuer leurs effets, la HAS préconise donc plusieurs mesures. L'autorité propose, dans un premier temps, que soit élaborée une stratégie nationale de lutte contre les erreurs diagnostiques afin de définir précisément et concrètement le périmètre de ce sujet, et que celle-ci soit communiquée auprès des parties prenantes (professionnels de santé, structures de soins…) pour faire prendre conscience des enjeux de cette thématique. La HAS souhaite, par ailleurs, que la recherche sur ces erreurs soit soutenue.
Dans un second temps, l'autorité estime important que les organismes professionnels se saisissent de ce sujet, "et définissent des normes de mesure et de résultat de la performance diagnostique dans chaque spécialité". L'incitation à la déclaration de ces erreurs, la rétro-information des médecins et le développement d'outils de mesure sont également essentiels pour la HAS.
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