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Lésions ophtalmologiques : une nouvelle ère grâce à l’intelligence artificielle

Les champs d’action de l’intelligence artificielle sont de plus en plus vastes. Cette technologie permet d’améliorer la prise en charge diagnostique des patients comme pour la rétinopathie diabétique, par exemple. Cela est d’autant plus important que les connaissances se renforcent concernant les complications ophtalmiques de certaines pathologies chroniques, comme le SAOS.

30/01/2025 Par Dre Anaïs Charon
Ophtalmologie
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Prévenir les lésions ophtalmologiques de façon systématique et personnalisée, - en particulier lorsqu’il s’agit de complications de maladies chronique - sera-t-il possible grâce à l’intelligence artificielle (IA) ? C’est la question à laquelle tente de s’atteler la Pre Corinne Dot, du CHU Edouard Herriot à Lyon. Comme elle l’a expliqué lors de la conférence de presse de rentrée de la Société Française d’Ophtalmologie (SFO), le 17 janvier dernier, l’IA comme outil de dépistage est d’ores et déjà disponible en ophtalmologie. C’est le cas notamment pour le dépistage de la rétinopathie diabétique (RD), effectué à partir de rétinographes dits ‘’intelligents’’, et entraînés à détecter les lésions évocatrices de RD. En travaillant sur de grandes bases de données (big data), cette technologie peut même combiner ces images avec d’autres données médicales et biologiques du patient (comme l’IMC, l’hémoglobine glyquée …) pour améliorer la prédictibilité d’une potentielle complication (l’œdème maculaire dans la RD par exemple), et adapter le suivi en conséquence.

L’IA pourrait également bénéficier au développement de la télémédecine, avec le transfert de données acquises à distance des structures médicales et transmises aux médecins pour un contrôle et une décision de prise en charge, à l’heure où les délais d’obtention d’un rendez-vous sont toujours trop élevés sur le territoire.

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Michael Finaud

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Oui

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Enfin, elle pourrait devenir un support à l’éducation des patients via des chatbots éduqués.

Ainsi, de nombreuses pistes de développement promettent une simplification de la prise en charge ophtalmologique du patient. Mais il faut toutefois pouvoir tenir compte de certaines limites. Au premier rang desquelles, la relation médecin-patient. En effet, l’IA n’est pas un médecin et ne peut donc remplacer le contact humain, l’empathie appropriée à la situation, notamment dans l’annonce d’un diagnostic difficile.

Elle peut également se révéler dangereuse si les algorithmes sont mal développés ou mal compris. C’est tout l’enjeu actuel des ophtalmologues impliqués dans son développement que de préciser l’éthique et le réglementaire, ainsi que d’encadrer l’IA afin qu’elle ne génère pas de fausses informations, dont l’impact pourrait être grave…

Nous sommes bel et bien entrés dans l’ère de la médecine 3.0, qui adopte une position proactive sur la prévention et la gestion des maladies, s’appropriant les avancées technologiques pour une médecine de plus en plus personnalisée.

SAOS : de nombreuses complications ophtalmologiques

Si le syndrome d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAOS) est diagnostiqué depuis les années 1970, son origine et ses répercussions ne sont pas complètement élucidées. Depuis les années 2010, des études portant sur d’importantes cohortes ont toutefois permis d’avancer sur la physiopathologie de cette maladie, et de rafraîchir le bilan d’extension afin d’établir une prise en charge personnalisée.

Le lien avec une pathologie cardiovasculaire est important. Si les troubles cardio-vasculaires ne sont pas systématiques chez les patients présentant un SAOS, l’incidence de ce syndrome est estimée à 25% des patients ayant un diabète insulinodépendant. Chez ces derniers, le SAOS peut entraîner ou aggraver la rétinopathie diabétique, pouvant aboutir à la cécité. Il est donc fondamental de le détecter au plus tôt.

Le Dr Jérémie Barbier du Centre ophtalmologique Kléber à Lyon rapporte également une vraie relation statistique entre SAOS et maladie glaucomateuse, sans que cette relation ne prouve de causalité.

Le traitement par pression positive continue (CPAP) n’a pas démontré son efficacité à améliorer le terrain vasculaire des patients et pourrait même augmenter la pression intra-oculaire (PIO) la nuit. De fait, rechercher et traiter un SAOS ne doit pas se substituer aux thérapeutiques anti-glaucomateuses connues.

Par ailleurs, l’hyperlaxité cartilagineuse du pharynx – que l’on observe dans le SAOS - se retrouve également au niveau palpébral, pouvant aboutir à ce que l’on appelle un floppy eyelid syndrome (FES), un relâchement anormal des paupières supérieures. Le patient souffre alors d’une conjonctivite ou d’une kératite de façon chronique. Comme ces complications peuvent être majorées par le masque et les fuites d’air de l’arsenal thérapeutique utilisé pour le SAOS, il faut parfois avoir recours à un traitement chirurgical des paupières.

Enfin, le syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) est lié à divers troubles neuro-ophtalmologiques, tels que la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIA-NA) et l'hypertension intracrânienne idiopathique (HTIC idiopathique) : le médecin doit prévenir ou déceler ce genre de complications, en orientant son patient vers un ophtalmologue pour un suivi régulier dès le diagnostic de SAOS posé.

Références :

D’après une conférence de presse de la Société Française d’ophtalmologie (17 janvier)

Photo de profil de Pierre Berton
806 points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 21 jours
On découvre, on s'esbaudit......il y a des années que le diagnostic des rétinopathies a été réalisé sur des centaines de milliers de gens par dépistage IA avec succès. C'est ce que j'ai été amené à éc
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