diabète connecté

Diabétologie connectée : ses atouts… et ses dangers

CGM, pompes à insuline et boucles fermées, stylos à insuline… tous peuvent désormais être connectés par Bluetooth au smartphone, lui-même équipé d’applis dédiées. Pour les patients comme pour les médecins, les bénéfices sont nombreux : lecture et partage des mesures de glycémie en temps réel, meilleur aperçu de l’historique, possibilités d’alerte… Pourtant, cette généralisation des outils connectés dans la prise en charge du diabète n’est pas sans risque, prévient le Pr Mark Evans, diabétologue aux hôpitaux universitaires de Cambridge (Royaume-Uni).

25/10/2024 Par Romain Loury
EASD 2024 Diabétologie
diabète connecté

Se pose d’abord la question de la protection des données de santé, récemment soulevée par une étude norvégienne(1). Menés sur 23 CGM, pompes et applis, pour la plupart produits hors de l’UE, ces travaux révèlent le flou que font planer les conditions d’utilisation quant à la protection des données, sur fond de législation européenne encore peu contraignante.

De même, ces outils ne sont pas totalement étanches en termes de cybersécurité. En 2022, l’entreprise américaine Palo Alto Networks, spécialisée dans la sécurité informatique, révélait que 75 % des pompes à insuline, parmi les 200 000 analysées, présentaient des failles les exposant à une intrusion, voire à un contrôle à distance. Autre cas de figure, l’acte de malveillance, tel celui dont a été victime en août 2017 un patient britannique, dont la compagne, après une dispute, a activé sa pompe à son insu après lui avoir dérobé son lecteur. Bilan : une hospitalisation d’urgence pour le premier, une condamnation pour administration volontaire de substance nuisible pour la seconde.

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Plus insidieux, la diabétologie connectée pourrait creuser la fracture sanitaire au sein de la population. À l’image de la population générale, les diabétiques possèdent moins souvent de smartphone lorsqu’ils sont âgés, isolés ou qu’ils vivent dans la précarité. Or c’est dans les milieux défavorisés que la prévalence de diabète mais aussi sa sévérité sont les plus élevées. Parmi les enfants diabétiques britanniques, 50,7% de ceux issus des milieux les plus favorisés étaient équipés d’une pompe à insuline en 2022-2023, contre 38,8 % dans les familles les plus précaires. Même écart entre enfants blancs et noirs, avec des proportions de 47,5 % et 33 %. « Au fur et à mesure que ces outils deviennent plus sophistiqués, nous risquons d’accroître les inégalités », estime Mark Evans. Face à cette fracture numérique et sanitaire, le Parti travailliste, au pouvoir depuis juillet, s’est engagé à fournir un smartphone à tout enfant diabétique.

  1. Randine P, et al. Journal of Diabetes Science and Technology, 13 novembre 2023.

Références :

Congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD 2024), du 10 au 13 septembre 2024, Madrid. D’après les présentations du Pr Mark Evans (Cambridge, Royaume-Uni).

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