Syndrome des jambes sans repos : un diagnostic à améliorer
Impactant fortement la qualité de vie, le syndrome des jambes sans repos reste sous-diagnostiqué. Le médecin généraliste est en première ligne pour repérer les patients et initier le traitement.
En France, « 8,5% de la population présente un syndrome des jambes sans repos, dont 2% en souffre quotidiennement », a chiffré le Dr Jonathan Taïeb, praticien hospitalier au centre du sommeil et troubles de la vigilance de l’Hôtel-Dieu (Paris). Les sujets atteints (deux femmes pour un homme) éprouvent des sensations désagréables – picotements, fourmillements, tiraillements, impressions de décharges électriques, voire douleurs – au niveau des membres inférieurs, survenant au repos, principalement le soir ou la nuit, avec un besoin impérieux de bouger.
Aussi appelé maladie de Willis-Ekbom, ce syndrome se déclare au cours de la vingtaine pour les formes génétiques (40 à 60% des cas) ou au cours de la quarantaine quand elle est liée à une comorbidité (insuffisance rénale chronique, diabète, hypothyroïdie, polyarthrite rhumatoïde, fibromyalgie, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, neuropathie, dépression…), à un médicament (neuroleptique, antidépresseur, antihistaminique, lithium…) ou à certaines situations : troisième trimestre de grossesse, surpoids/obésité, consommation excessive d’excitants (alcool, tabac, café), stress, fatigue, manque ou excès d’activité physique… Elle semble souvent déclenchée par une insuffisance en fer ou une dysrégulation de la transmission dopaminergique. Dans 80% des cas, elle est associée à des mouvements périodiques des jambes, avec des répercussions sur le sommeil, l’humeur, la santé mentale, les capacités cognitives, la fonction cardiovasculaire…
Évaluer la sévérité
Le diagnostic est clinique et devra écarter une insuffisance veineuse (soulagée par l’immobilité), une akathisie ou une neuropathie (sans rythmicité circadienne), des crampes nocturnes, des douleurs radiculaires, une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (aggravée par la marche) ou un painful legs and moving toes syndrome (limité aux orteils, sans prédominance vespérale, non amélioré par la marche). Le médecin généraliste devra évaluer la sévérité grâce au score IRLS, éliminer les facteurs favorisants ou aggravants, dispenser des conseils d’hygiène de vie (sommeil…) et doser la ferritinémie. Si celle-ci est inférieure à 75 µm/ml, une supplémentation martiale sera instaurée. Si elle est supérieure à ce seuil et que le syndrome est léger, un antalgique de palier 2 à la demande sera initié.
Les formes modérées à très sévères pourront être traitées par agoniste dopaminergique en cas de dépression comorbide, insuffisance rénale et/ou mouvements périodiques associés, par ligands α2δ en cas de douleur et antécédents de trouble du contrôle des impulsions (TCI) ou par opioïdes en cas de syndrome douloureux associé sévère et d’échec des deux autres classes de traitement. Des effets secondaires ont parfois été observés avec les agonistes dopaminergiques, à savoir un TCI ou une augmentation de la sévérité des symptômes. « D’où une introduction progressive et des règles très strictes de prise médicamenteuse. Il faut prévenir le patient du risque », a alerté le Dr Taïeb.
Les cas sévères seront adressés au médecin du sommeil ou au neurologue.
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Références :
Journées nationales de médecine générale (JNMG, 10 et 11 octobre 2024, Cnit Forest de Paris-La Défense)
D’après la présentation du Dr Jonathan Taïeb (Hôtel-Dieu, Paris) lors de la session « Syndrome des jambes sans repos ».
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