C à 30 euros, forfaits, visite à 80 euros… Comment MG France veut gonfler la rémunération des généralistes

12/02/2021 Par Aveline Marques
Syndicalisme

Le syndicat de généralistes défendra aux élections URPS, qui se tiendront du 31 mars au 7 avril, un programme visant à améliorer la qualité de vie des praticiens.   Si la convention de 2016 a indéniablement amorcé un "rééquilibrage" de la rémunération des généralistes, pour MG France "il y a encore du chemin à parcourir". "On fait face à un problème démographique important, dont l'une des causes est l'absence d'équité des rémunérations entre médecins spécialistes en médecine générale et les autres spécialistes, souligne le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat, arrivé premier dans le collège des généralistes en 2015. Aujourd'hui, on a des rémunérations moyennes inférieures de 30% à la moyenne des autres spécialités médicales. Si on veut que la profession de médecin généraliste soit attractive et que les médecins soient rémunérés à la hauteur du travail qu'ils fournissent et des services qu'ils rendent, il faut qu'on récupère ce différentiel." Mais pour le syndicat, "ça ne peut en aucun cas passer par la seule valeur de l'acte". MG France réclame un C à 30 euros, soit une augmentation de 5 euros qui représente tout de même 1.5 milliard d'euros de dépenses supplémentaires chaque année. Or, "mettre beaucoup d'argent sur la consultation de base, c'est ne pas le mettre sur autre chose", plaide Jacques Battistoni.   "Avec une visite à 35 euros, on n'est pas loin du manque de respect" Notamment la visite à domicile. Augmenter sa valeur "de façon significative" est en effet une "priorité" pour les généralistes comme pour la population, souligne le syndicat. "Aujourd'hui, avec une visite à 35 euros, on n'est pas loin du manque de respect", juge le président de MG France. "Nous demander de nous déplacer pour des patients complexes pour 35 euros, sous prétexte qu'on n'a l'enveloppe budgétaire, c'est scandaleux. C'est non seulement scandaleux pour les médecins généralistes mais aussi par rapport à l'investissement que l'Assurance maladie souhaite mettre pour quelque chose qui a du sens. Aujourd'hui, faire une visite à domicile, c'est s'occuper d'un patient qui a souvent plusieurs pathologies, qui a parfois une maladie d'Alzheimer, avec une intervention de plusieurs soignants, d'aides médico-sociales, voire du soin palliatif. Tout cela prend du temps à coordonner et nous payer 35 euros, c'est nous inciter à ne pas faire." MG France revendique une généralisation de la visite longue, cotée 60 euros, avec une majoration de déplacement de 20 euros et une indemnité kilométrique à 1.5 euro par km. Le syndicat milite également pour l'extension des consultations complexes, avec un tarif unique de 60 euros pour simplifier. Pour Jacques Battistoni, une consultation avec 3 ou 4 motifs est une consultation complexe et devrait être rémunérée comme telle. Tout comme une consultation avec un patient qui a plusieurs ALD.

Autre levier de rémunération que le syndicat veut activer : les forfaits. Si la Rosp nécessite indéniablement un "recyclage", elle constitue néanmoins une source de revenus indispensable. Quant aux deux autres forfaits, "ils ont du sens", insiste Jacques Battistoni. "Quand on a eu le trou d'air du premier confinement, les MG ont été très contents de bénéficier du forfait patientèle médecin traitant, fait-il valoir. Aujourd'hui, ils se sont habitués à avoir cette sécurité financière." Une sécurité financière dont les jeunes devraient bénéficier, estime-t-il : pour favoriser l'installation, MG France propose la création d'un "forfait de primo-installation" à hauteur des forfaits versés aux installés. Le syndicat veut par ailleurs majorer l'ensemble des composants du forfait patientèle (10 euros pour les adultes, 20 euros pour les moins de 6 ans, 50 euros pour les patients ALD…) ainsi que le forfait structure. Objectif : permettre à tous les médecins d'embaucher une assistante médicale, voire une infirmière Asalée, et de mieux équiper son cabinet, en matériels type échographe ou en outils numériques. "L'investissement du médecin dans ses outils informatiques n'est pas suffisant en comparaison d'autres professions", souligne le généraliste. Or ces outils "non performants" et ces SAV aux abonnés absents "nous prennent du temps", insiste-t-il. L'enveloppe dévolue au numérique en santé dans la Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021 doit permettre d'augmenter le forfait structure de 1500 à 2500 euros supplémentaires, estime-t-il. De quoi gagner du temps médical et améliorer "la qualité de vie du médecin". D'autres points du programme de MG France concourent à cet objectif, telle la simplification de la nomenclature, l'intégration du samedi matin dans les horaires de la PDSA, la modulation des IJ maladie, maternité/paternité en fonction des revenus ou l'harmonisation des congés maternité/paternité sur le droit commun. Le syndicat rappelle à ce titre qu'il a été à l'origine de l'avantage social maternité (ASM).

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