Suicide d'un médecin à l'hôpital américain : une enquête ouverte pour harcèlement
L’ouverture de cette enquête fait suite à une plainte contre X déposée au mois de juin dernier par la veuve de ce médecin de 48 ans. Dans cette plainte que Franceinfo a pu consulter, cette femme décrit une atmosphère "atroce" et des dysfonctionnements graves connus de la direction de l'hôpital au sein du pôle de réanimation et d’anesthésie. Elle affirme que dans les jours qui ont précédé son suicide, son mari lui a fait part de son intention de quitter l’hôpital à cause d’une pression hiérarchique "insupportable". La veuve du médecin a également précisé aux policiers que son mari "ne connaissait pas de problèmes personnels en dehors de son travail, tant au niveau familial, conjugal que financier". Le praticien avait été retrouvé mort dans sa voiture par la police le 16 février dernier en forêt de Montmorency dans le Val-d’Oise. Selon les conclusions de l’enquête, le médecin s'était lui-même pratiqué une perfusion avec du matériel chirurgical certainement prélevé à l’hôpital américain avant de s’injecter une dose létale.
— SNARF (@SyndicatSnarf) February 19, 2020
"Ras le bol" Contactée par Franceinfo, l’épouse du médecin raconte les raisons qui l’ont poussé à porter plainte. "Dans l’une de nos dernières conversations, il me disait : 'Je n’en peux plus de toute cette pression. Je veux quitter cet hôpital. J’en ai ras-le-bol. Je fais mes gardes et on parle calmement de tout ça en vacances.' Le lendemain, il ne nous a jamais rejoint. Nous sommes tous hébétés. C’était quelqu'un de solide, habitué au stress des interventions, absolument pas déprimé et ses enfants représentaient tout pour lui. Ce geste, ce n’est pas lui. Cela ne lui correspond pas. Je ne lui connaissais qu’un problème : un problème professionnel. C’était quelqu’un de très pudique mais, à moi, il me racontait tout", déplore la veuve. Après plusieurs entretiens infructueux avec la direction de l’Hôpital américain, la femme de l’anesthésiste a décidé de porter plainte. "Je veux savoir. Je ne veux pas que ça se reproduise. Comment un système peut broyer un homme aussi solide ?"
Un mois après le suicide du médecin, la direction de l’Hôpital américain de Neuilly avait missionné une commission d'enquête interne qui a d’auditionné une vingtaine de personnes dont les responsables directs du médecin et ses collègues au sein du pôle anesthésie-réanimation. D'après Franceinfo, le rapport conclut à des dysfonctionnements internes au sein du service sans toutefois établir de lien avec la situation de souffrance au travail de l'anesthésiste décédé. Les auteurs de ce rapport interne reconnaissent que le médecin n’a jamais présenté de troubles psychiatriques ou de signes de dépression au sein de l'hôpital avant son passage à l'acte. L'enquête préliminaire pour harcèlement moral dirigée par le parquet de Nanterre devra établir si la direction de l'hôpital avait connaissance de problèmes graves de management avant le drame ou si des signaux d’alerte avaient été émis concernant ce médecin ou son service. Celui qui était chef du pôle anesthésie-réanimation avant la mort du Dr Marret a été démis de ses fonctions, courant juillet, à la veille de l'ouverture des investigations pénales… [Avec Francetvinfo.fr]
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