Déserts médicaux : un couple veut attaquer l'État après la mort de leur bébé

13/03/2019 Par Aveline Marques
Démographie médicale
Enceinte de 8 mois, une habitante de Die (Drôme) souffrant d'un décollement placentaire a dû attendre des heures avant d'être transportée par hélicoptère à l'hôpital de Valence. Trop tard pour le bébé, décédé in utero. Un drame qui ne se serait pas produit si la maternité de la ville n'avait pas fermé, estime le couple.

"C'était le soir du 18 février 2019. J'étais à la fin de mon 8ème mois de grossesse, raconte Céline Guillemot sur le site du Collectif de défense de l'hôpital de Die. Je me suis soudainement sentie mal, prise de vertiges et de crampes intestinales. Peu de temps après l'hémorragie a commencé." Le couple appelle les secours. "Les pompiers sont arrivés. Ils ont fait état de ma situation, je les ai sentis complètement démunis. Je leur ai expliqué que j'avais déjà vécu une hémorragie pour mon précédent accouchement, qu'il fallait aller très vite." Aux urgences de Die, la décision est prise de transporter la jeune mère à la maternité de Montélimar en hélicoptère. "Mais celui-ci n'était pas disponible, il fallait attendre... ", se désole Céline Guillemot. L'appareil arrive finalement de Valence, transportant à son bord une sage-femme. "Elle m'a enfin auscultée, munie d'un petit appareil pour écouter notre bébé. Elle n'a pas entendu son cœur. C'était la première personne qui s'occupait de notre enfant." La patiente est immédiatement installée dans l'hélicoptère.  "Pendant le vol, les contractions se sont amplifiées et rapprochées. J'étais sanglée sur le brancard, un casque anti-bruit sur les oreilles, dans une froide solitude. A chaque contraction, je cherchais une position pour me soulager et accompagner la progression de mon bébé. Je souffrais, je me tortillais, j'avais commencé à pousser. J'ai failli accoucher dans le ciel...", se souvient Céline Guillemot. "A peine arrivés à la maternité, dans un couloir menant à la salle de naissance, la tête de mon bébé sortait. J'ai accouché d'un magnifique petit garçon, mort-né." Une enquête a été ouverte par l'ARS. Mais pour les habitants de Die, qui ont organisé une marche blanche quelques jours après le drame, la faute en revient aux autorités sanitaires, qui ont fermé la maternité de la ville en septembre 2017. Comptabilisant moins de 100 naissances par an, la plus petite maternité de France ne remplissait pas les conditions de sécurité, argue l'ARS. Pour pallier la fermeture, l'hôpital de Die a mis en place "un centre périnatal de proximité", les urgences ont été renforcées et une organisation de transport par hélicoptère mise en place. Mais le drame de Céline Guillemot relance la polémique. "S'il y avait eu la maternité et un bloc, ils seraient arrivés en 10 minutes et 20 minutes après ils auraient sorti le bébé vivant", pointe Philippe Leeuwenberg, président du Collectif de défense de l'hôpital de Die. "Après, c'est un choix : on peut accepter un mort de temps en temps…", grince-t-il. Les résultats de l'enquête de l'ARS sont attendus d'ici fin mars. "Si des choses doivent être modifiées ou corrigées, il faudra le faire", assure la porte-parole de l'ARS. De son côté, le couple envisage de porter plainte contre l'État pour alerter contre les dangers de cette désertification médicale. [avec AFP et ladepeche.fr]  

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