Le patient fait une hémorragie cérébrale, le médecin diagnostique une crise d'angoisse : prison avec sursis

17/11/2018 Par Aveline Marques
Faits divers / Justice

Un urgentiste du CH de Mont-de-Marsan (Landes) vient d'être condamné à 15 mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Posant le mauvais diagnostic, il avait refusé d'envoyer le Samu au domicile d'un homme qui venait de faire une rupture d'anévrisme, malgré ses appels répétés.

Dans la nuit du 16 au 17 septembre 2014, vers une heure du matin, un homme de 48 ans appelle les urgences : il se plaint de fortes douleurs à la tête et demande l'envoi d'une équipe de secours. Mais croyant à une crise d'angoisse, l'urgentiste qui traite l'appel refuse. Malgré cinq appels au total (trois au Samu, deux aux pompiers, qui renvoient vers le Samu), le médecin campe sur ses positions.

La quadragénaire se tourne alors vers ses parents, qui tentent à leur tour de convaincre le médecin de l'urgence de la situation. En vain. Ils finissent par conduire eux-mêmes leur fils aux urgences : le patient est très vite redirigé vers le CHU de Bordeaux, où l'on diagnostique une hémorragie cérébrale suite à une rupture d'anévrisme. Opéré dans la foulée, le quadragénaire s'en sort mais garde des séquelles. Le médecin du CH de Mont-de-Marsan, un urgentiste qui exerce depuis 25 ans, est interdit d'exercer la médecine et fait l'objet d'un contrôle judiciaire depuis 2014. Mardi 13 novembre, le praticien de 53 ans comparaissait devant le tribunal de grande instance pour non-assistance à personne en danger. L'avocate de la victime, qui s'est constituée partie civile, a souligné le mépris avec lequel le médecin aurait traité le patient, ne lui consacrant pas plus d'une minute par appel et lui conseillant de prendre un tranquillisant et d'attendre le lendemain pour voir son médecin traitant. S'il reconnaît avoir posé un diagnostic trop rapidement, le médecin mis en cause a souligné à la barre le manque de moyens dans son service. A l'époque, dit-il, il était surement en situation de burn-out. Aujourd'hui au chômage et en instance de divorce, il vient d'être condamné à 15 mois de prison avec sursis et à verser 1000 euros au plaignant ainsi qu'à sa mère. Mais sa condamnation ne sera pas inscrite sur son casier judiciaire et il pourra de nouveau exercer la médecine. [avec Francebleu.fr]

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Fabien Bray

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Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus

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