Les trois délégués à l'accès aux soins, nommés en novembre dernier, ont rendu leur rapport ce lundi à Agnès Buzyn. En préambule, ils relèvent que 8,6% des patients de plus de 16 ans n'ont pas de médecin traitant. La première de leur proposition vise à encourager les stages ambulatoires et accompagner les projets d'installation des jeunes médecins. "Les étudiants que nos avons rencontrés nous l'ont confirmé, assurent les délégués, les stages ambulatoires sont un levier essentiel pour faire découvrir les réalités des territoires fragiles, promouvoir la richesse des modes d'exercice et orienter les vocations des étudiants." Le développement de stages n'est cependant possible qu'à plusieurs conditions : offrir aux étudiants de bonnes conditions de logement ou de défraiement, garantir la qualité de l'encadrement, organiser des politiques d'accueil des étudiants. Par ailleurs, le rapport préconise de développer l'exercice coordonné, qui favorise l'attractivité de l'exercice ambulatoire. Mais les médecins qui veulent s'engager dans un exercice en maison de santé ne sont pas toujours prêts à s'investir dans la gestion de l'établissement. Ce qui suppose de créer de "nouveaux métiers, tels que des coordinateurs, pour administrer ces structures", notent les délégués.
Sans surprise et dans la logique d'Agnès Buzyn, ils recommandent le développement de la télémédecine. Le rapport liste trois points de vigilance : les projets doivent être cohérents avec l'organisation territoriale des soins, des politiques de formation et d'information doivent être mises en place pour les médecins et les patients, enfin, les autres professionnels doivent pouvoir accompagner les téléconsultations et recourir à la télé-expertise. Pour soutenir les nouveaux modes d'exercice, les délégués insistent sur la mobilité des professionnels et la diversité des activités décentralisées (cabinets secondaires, consultations avancées, médecine itinérante). Ils suggèrent que les médecins d'une même CPTS pourraient devenir conjointement médecins traitant d'un même patient. Afin de libérer du temps médical, le rapport plaide pour une meilleure délégation des actes et coopération interprofessionnelle. "Un travail d'information et de conviction, à destination tant des patients que des médecins généralistes, serait utile", notent les auteurs regrettant que les médecins méconnaissent parfois les compétences des autres professionnels. "De nouvelles extensions de compétences pourraient être envisagées, ajoutent les auteurs du rapport, en les conditionnant à l'inscription dans un mode d'exercice coordonné."
"Nous proposons de remettre sur le tapis la question de la délégation de tâches avec les pharmaciens, explique Thomas Mesnier dans les colonnes du Parisien. La possibilité de vacciner va être généralisée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, nous pensons qu’il faut maintenant aller plus loin. Par exemple, définir un panier de soins de base pour lesquels le pharmacien pourrait fournir les premiers traitements. On pourrait y mettre le mal de gorge, qui pousse certains patients à aller inutilement aux urgences, les infections urinaires débutantes, les allergies saisonnières pour lesquelles le patient prend chaque année le même médicament…" Enfin, pour simplifier l'exercice libéral et libérer du temps médical, les délégués proposent par exemple de "réduire les motifs administratifs de consultation médicale". La nécessité d'obtenir un certificat chez le généraliste, "sans qu'un examen de santé ne s'avère indispensable ni même utile d'un point de vue médical", peut difficilement se justifier "dans le contexte actuel de pénurie médicale", expliquent les auteurs du rapport, citant notamment le cas des arrêts de travail inférieurs à trois jours. Les entreprises pourraient selon eux "être incitées à assouplir" leurs procédures pour ces arrêts courts non indemnisés. Lire le rapport ou la synthèse [Avec AFP et Leparisien.fr]
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