Hier matin le Dr Jérôme Marty a découvert sur Egora.fr les propos d'Alain-Michel Ceretti, président de France-assos santé, justifiant sa volonté de revenir sur la liberté d'installation. Ulcéré, le Dr Marty a décidé de prendre la plume et de répondre au patron des associations de patients. Nous publions sa réponse.
Alain Michel, tu permets que je t'appelle par ton prénom ? Tu penses connaitre si bien les médecins que le tutoiement peut s'autoriser.
Tu attaques au démonte pneu la profession médicale et tous les poncifs y passent : Nous serions responsables et coupables du drame des déserts médicaux, tu nous fais, cause, alors que comme les patients, comme toi, nous ne sommes que conséquences. Conséquences des politiques sanitaires successives qui ont construit les déserts médicaux à force de "désaménagement" du territoire et de "désattractivité' de nos professions. Oui Alain Michel cet enfant que l'on cache c'est d'abord celui des politiques, et puis osons le dire c'est aussi un peu le tien , toi qui n'a jamais dénoncé cet état de fait, alors que sous tes yeux s'alourdissaient chaque jour les temps de non soin, à force de centralisme, d'hyper-administration, de protocoles et de procédures, que les tarifs des praticiens s'éloignaient de la réalité de leurs missions rôles et responsabilité, que les départs augmentaient, que les arrivées diminuaient et que l'épuisement, et les parfois drames se multipliaient. Tu nous dis que les études des médecins sont payées par la Nation, il faut donc que je t'explique (une vidéo circule sur les réseaux ou je m'adresse à toi). Les étudiants en médecine, externes puis les internes remboursent leur cursus, dont ils financent une partie, (à moins que tu sois contre les bourses ?) en ne comptant pas leurs heures au service de l'hôpital en CHU comme en CHG. Leurs rôles et leurs responsabilités sont indispensables au fonctionnement même de l'institution pour des rémunérations et des salaires bien inférieurs à ce que l'hôpital devrait dépenser pour la même activité réalisée par des salariés. Ils remboursent, Alain Michel, en travaillant dans des conditions qui souvent provoquent des drames dans leur rangs. Tu nous dis que les médecins une fois leurs études achevées peuvent s'installer ou ils veulent et pratiquer peu ou prou les tarifs qu'ils désirent. Là tu fais très fort Alain Michel, dois-je te rappeler que les médecins généralistes responsables du premier recours, sont dans leur immense majorité en Secteur 1, mais je vais te prendre aux mots, il faut ouvrir la possibilité d'accès aux honoraires complémentaires pour tous les médecins, et rendre attractive les professions. Cela sous encadrement d'une autorité ou soignants patients et administration siègeraient et qui veillerait au respect du tact et mesure autant qu'au respect de l'indépendance des soignants par les organismes chargés du remboursement. (Bien-sûr il existerait un tarif social pour les patients relevant de la CMU, CMUc, ACS et AME) Tu nous dis encore : Après tout c'est aux médecins de s'adapter aux besoins des Français pas l'inverse" Non Alain, c'est aux Politiques de s'adapter aux problématiques rencontrées par les Français, pas aux médecins de s'adapter aux conséquences de politiques qui au mépris de l'expertise des soignants, cassent le système sanitaire. C'est aux politiques de repenser la politique de la ville, aux politiques de travailler avec les patients et les soignants pour relancer l'attractivité des professions médicales, alors que la pénurie frappe dans nos villes, nos campagnes, sur tous les territoires, en médecine libérale, à l'hôpital public, aux urgences, en cliniques privées, dans les Ehpad... Oui Alain, c'est aux politiques de revoir entièrement leur copie et d'ouvrir la gouvernance du soin aux représentants des patients et des soignants au côté de l'administration relais de l'état avec le même pouvoir et droits d'opposition. Mais pour cela Alain il faut se dégager de toute suspicion de conflits d'intérêts et disons le ici, le financement de France Asso Santé ne le permet pas ! Trop d'influence de l'état et il se murmure même que l'industrie pharmaceutique pourrait subventionner une part du fonctionnement de la maison... Alain Michel, le système s'effondre, il n'est plus temps d'opposer les soignants aux patients, tous seront touchés. Il n'est que temps de porter la confiance, l'audace et le courage. La confiance dans une profession dernier ciment sociétal qui tient encore à bout de bras notre système sanitaire. L'audace de renverser les schéma établis pour créer ensemble, avancer ensemble, organiser ensemble, gérer ensemble. Le courage de tourner le dos aux solutions simplistes et attentistes, de débattre et de percevoir l'autre comme il est et non comme l'on voudrait qu'il soit.
La sélection de la rédaction