A l'occasion de son grand discours social devant les congressistes de la Mutualité française, à Montpellier, Emmanuel Macron a dévoilé quelques axes des très importantes réformes en cours pour le système de santé, la dépendance et le système de retraites, d'ici 2019.
C'est à une "véritable réorganisation de notre dispositif de soins" que le chef de l'Etat appelle le pays, après avoir dressé le constat que notre système, construit autour de pathologies aigues pour des patients vivant peu de temps après leur retraite, ne convenait plus à une France qui vieillit et à des pathologies qui se chronicisent et se complexifient.
Rigide et daté, notre système est à bout de souffle a coutume de dire Agnès Buzyn, mal adapté à l'évolution de la sociologie des patients, mais aussi des professionnels de santé qui ne veulent pas vivre le sacerdoce de leurs ainés. D'où, résumait Emmanuel Macron, à Montpellier, malgré une organisation "très couteuse", la désertification médicale, des urgences qui explosent, nos ainés à qui il arrive de vivre une fin de vie "honteuse" en Ehpad… "Il faut nous réorganiser (…) Il nous faut repenser notre organisation collective" a lancé le chef de l'Etat. Cette "transformation en profondeur" sera pensée à partir des "territoires, des bassins de vie et tournée vers le patient". Les consultations menées par la ministre de la Santé (citée à plusieurs reprises) et les travaux en cours n'ayant pas encore abouti, le chef de l'Etat a fixé un rendez-vous "d'ici l'été", pour en connaître le détail. Un cadre clair a néanmoins été dévoilé qui fait office de feuille de route impérative à la réforme : accès à un médecin traitant pour tous, prise en charge de la permanence des soins et des soins non programmés, garantie de la continuité des soins et de leur gradation et enfin, garantie du dépistage et de la vaccination.
Aucun tabou
A l'évidence, le créateur d'En Marche ne veut s'embarrasser d'aucun tabou : "En matière de paiement à l'acte ou de tarification à l'activité et 'summa divisio' (sujet majeur de division. Ndlr), de relations entre la ville et l'hôpital, il va falloir revenir sur nos habitudes !", a-t-il prévenu. "Nous ne pouvons plus différer, et refuser de voir" la fin de vie et le drame de la dépendance. Le président a fait part de sa détermination à prendre le problème à bras le corps, car les familles et les aidants souffrent, à l'unisson des patients, a-t-il reconnu. "Il nous faut mieux prévenir, mieux prendre en compte les disparités" a-t-il ajouté en se référant une fois de plus à la prévention, axe majeur de sa politique de santé, à tous les âges de la vie. Il a cité les trois nouvelles consultations de prévention, mises en place depuis l'âge de trois ans, notamment pour détecter les troubles de l'audition ou de la vue "qui sont en cause dans les difficultés d'apprentissage de la lecture". Et salué la mise en place du reste à charge zéro pour les lunettes, les prothèses dentaires et auditives, qui trouveront prioritairement un public parmi les personnes âgées, et les préviendront de l'isolement "facteur d'accélération de la dépendance". Mais comment payer alors que les factures sont déjà insupportables pour les familles et que l'aide sociale (appelée à une prochaine réforme, selon Agnès Buzyn), faute de mieux, se rembourse sur l'héritage des patients décédés ? "Un grand débat national autour de la construction d'un mécanisme de financement" de la dépendance sera lancé, qui prendra en compte la nécessité de "donner un statut aux "solidarités familiales" et un nouveau statut aux "solidarités sociales". "On me parle d'une facture de 9 à 10 milliards d'euros… Nous ne pourrons pas résoudre ce problème du jour au lendemain. Il nous faut construire un nouveau risque prenant en charge cette nouvelle vulnérabilité sociale, mettre en place plus d'établissements médicalisés". Une loi devrait être présentée "avant la fin de l'année 2019".
"Un euro cotisé générera les mêmes droits pour tous"
Le système de retraite in fine, n'échappera pas à la vague de réformes, puisqu'une loi qui "remettra à plat l'édifice avec une transition longue" sera présentée début 2019 et "votée le 1er semestre 2019", a annoncé le Président. Notre organisation va devoir subir "une refonte d'ensemble du système", concernant ses multiples régimes spéciaux dont la légitimité historique interroge en ce 21ème siècle, et qui seront appelés à "converger progressivement", a-t-il prévenu. Et c'est sous les applaudissements des congressistes de la Mutualité – généralement proches de la gauche - qu'Emmanuel Macron a pris l'engagement formel de "garantir la pérennité du régime de retraite par répartition et la solidarité entre les générations". Ceci pour qu'à terme, après une longue période de transition, '"un euro cotisé générera les mêmes droits pour tous". Sur ce discours qui devait renforcer son aile gauche, le Président aura donc connu les sifflets – lorsqu'il a évoqué les frais de fonctionnement des mutuelles - et les bravos, en confortant les régimes par répartition. Et le tout, en même temps.
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