
CBD : de potentiels risques sur la fertilité
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) propose de classer le cannabidiol (CBD) comme "présumé toxique pour la reproduction humaine".

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) propose de classer le cannabidiol (CBD) comme "présumé toxique pour la reproduction humaine". Cette proposition intervient alors que les produits à base de CBD, qui existent sous de multiples formes (cosmétiques, produits de vapotage…), sont en forte croissance. Ainsi, actuellement, 1 500 boutiques spécialisées en commercialisent, ainsi que plusieurs milliers de buralistes. Et 16,4% des adultes déclarent avoir consommé du CBD au moins une fois dans sa vie. Pourtant, ces produits ne sont pas soumis à la réglementation sur les médicaments ou les stupéfiants, mais uniquement à celle spécifique de chaque produit.
C’est dans ce contexte que l’Anses a engagé, en 2023, à la demande de la Direction générale du travail, des travaux de classification harmonisée du CBD pour une meilleure utilisation des informations au niveau européen. Au cours de ces travaux, l’Anses a constaté que le CBD n’était pas enregistré auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) conformément au règlement Reach (Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques). "Par conséquent, aucune évaluation des risques sanitaires pour l’humain et l’environnement n’était disponible, alors qu’elle est exigée des fabricants et importateurs dans le cadre de Reach", précise l’Anses.
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C’est donc ce qu’a effectué l’Anses. L’analyse des dangers du CBD a été réalisée à partir de la littérature scientifique, ainsi que des données utilisées pour les obtentions de l’autorisation de mise sur les marchés américain et européen de l’Epidyolex, un médicament contenant du CBD seul et indiqué en traitement adjuvant dans certaines épilepsies rares de l’enfant. Il s’agit de travaux précliniques menés chez le singe, le rat et la souris.
Ces études ont mis en évidence des effets néfastes du CBD sur la spermatogénèse et la fertilité, ainsi qu’une augmentation de la mortalité périnatale et des altérations du neurodéveloppement.
"Sur la base du poids des preuves accumulées chez l’animal", l’Anses a donc proposé que le CBD soit classé comme en catégorie 1B (présumée toxique) concernant la reproduction humaine dans le cadre du règlement CLP. Le dossier scientifique a, par ailleurs, été mis en consultation publique sur le site de l’Echa, jusqu’au 16 mai 2025. À l’issue de cette consultation, la proposition initiale, les commentaires reçus et les réponses de l’Anses seront analysés par le Comité d’évaluation des risques de l’Echa, qui rendra un avis sur la classification harmonisée du CBD.
Références :
D’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses, 21 mars)
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