
Première mondiale : un foie de cochon transplanté à un humain avec succès
Des chercheurs chinois ont réussi, pour la première fois, la transplantation d’un foie de cochon sur un être humain.

Une nouvelle étape vient d’être franchie dans l’utilisation des xénogreffes. En effet, des chercheurs chinois ont réussi, pour la première fois, la transplantation d’un foie de cochon sur un être humain. Jusqu’à présent, d'autres xénogreffes expérimentales avaient déjà été réalisées chez l’homme, mais avec des cœurs et des reins de porc. Si les patients ont rarement survécu longtemps, l'un d'eux, qui a reçu un rein de cochon en novembre 2024, est toujours en vie. Le foie, toutefois, pose un problème plus complexe car il s'agit d'un organe multifonctionnel.
La performance des Chinois reste cependant, pour le moment, de nature expérimentale : le receveur était, en effet, en état de mort cérébrale. Le donneur, était, lui, un cochon miniature, génétiquement modifié. L'opération a été réalisée le 10 mars 2024. Le foie transplanté a fonctionné pendant dix jours. Puis les chercheurs ont mis fin à l'expérience à la demande de la famille, alors que la xénogreffe était encore fonctionnelle.
Il faut toutefois noter que le patient disposait toujours de son foie d'origine : on parle là d'une greffe "auxiliaire". L'idée est de proposer un organe de transition avant de trouver un foie sain issu d'un donneur humain. Il n’en reste pas moins que les résultats sont prometteurs. En effet, le foie greffé "a vraiment bien fonctionné" et "secrété sans problème de la bile", ainsi que de l'albumine, a déclaré en conférence de presse Lin Wang, coauteur de l'étude. Le taux d'alanine aminotransférase (ALT) est resté dans la plage normale, et celui d'aspartate aminotransférase (AST) a augmenté le 1er jour postopératoire, avant de diminuer. En outre, "le foie porcin s'est régénéré efficacement, sans aucun signe de rejet", affirment les auteurs.
Selon des experts n'ayant pas participé à ce travail, il s'agit d'une belle avancée mais il faut se garder d'y voir la preuve qu'un foie de cochon puisse réellement remplacer un organe humain. Ce sont des résultats "de valeur et impressionnants" mais "cela ne saurait remplacer la transplantion d'un foie issu d'un donneur humain - en tout cas pas à court terme", a prévenu auprès de l'AFP, le Pr Peter Friend, spécialiste des greffes à l'université d'Oxford. "C'est un essai utile pour montrer la compatibilité de ces foies génétiquement modifiés avec un humain", a-t-il résumé.
Cette expérience confirme, en tout cas, que le cochon est potentiellement le meilleur animal pour développer des organes destinés à l'humain. Pour les auteurs, ces résultats démontrent que les xénogreffes pourraient constituer un atout majeur dans un contexte de pénurie de donneurs d’organes.
Références :
D’après AFP ; et Tao K.S. et al. Nature (26 mars 2025)
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