2017 se termine avec, pour ce qui concerne la politique de santé, une impression mitigée. Certes, Agnès Buzyn a réussi à renouer le fil qui s’était cassé entre les professions de santé et leur tutelle ministérielle à force de pressions exercées par Marisol Touraine, démiurge d’une stratégie nationale de santé durement amendée. Par rebond, les relations se sont apaisées entre les mêmes médecins libéraux et la Cnam, ouvrant le champ à une ère nouvelle, que l’on perçoit empreinte de collaborations et de mains tendues, d’autogestion et d’innovations, bref de confiance. On y croit. Mais la ministre de la Santé a un peu déçu lorsqu’elle a semblé céder à la vox populi dans l’affaire du Levothyrox, surinvestissant l’opinion au détriment d’un raisonnement objectif et partagé par la communauté scientifique… Idem pour le coup de semonce donné aux acteurs de l’urgence, dont les médecins généralistes, à l’occasion des fêtes de fin d’année, afin qu’ils se mobilisent. Ne le sont-ils pas déjà, dans les organisations de permanence des soins partout en France ? Mais après cette année de mise en route avec le corps médical, consacrée par le vote du premier budget de la Sécurité sociale de l’ère Macron, assorti de propos apaisants et confraternels, le gouvernement va devoir entrer dans le dur. Après cette année de découverte et de retrouvailles, 2018 ne se présentera pas sous le même jour. La dure réalité de la maîtrise des dépenses a un curseur : 4,2 milliards d’euros d’économies à réaliser pour tenir l’Ondam de + 2,3 %. Ce qui, pour réaliser les promesses présidentielles d’un reste à charge zéro sur certains biens et services, imposera des décisions "qui ne seront pas faciles à prendre". La réorganisation hospitalière et les actes non justifiés sont dans le viseur. Fini de sourire ! Populaire et légitime en 2017 par temps clair, Agnès Buzyn sera à la barre en 2018 par gros temps. Quand ça remue vraiment, c’est là que se découvre l’étoffe du capitaine. Alors, bon vent !
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