Le Conseil économique réclame un conventionnement sélectif pour les spécialistes

13/12/2017 Par Fanny Napolier
Démographie médicale

Après la Cour des comptes qui prônait un conventionnement sélectif, voilà que le Conseil économique, social et environnemental plaide pour imposer une contrainte aux spécialistes qui s'établiraient dans les zones sur-denses.

"La plupart des aides financières, quoique substantielles, sont inefficaces", affirme le Conseil économique, social et environnemental (Cese) dans un projet d'avis sur les déserts médicaux, ajoutant que "les aides sont perçues par des médecins qui étaient déjà ou se seraient installés de toute façon". Le Conseil appelle donc à mieux cibler ces financements et recommande des mesures à effet immédiat "touchant le cumul emploi-retraite ou l'embauche d'une secrétaire médicale". Le rapport suggère par ailleurs de "réguler l'installation des spécialistes en secteur 2 qui prendraient la décision de s'installer dans les zones" déjà fortement dotées en médecins. Le Cese préconise d'"utiliser le levier du conventionnement sélectif" : en "contrepartie" du remboursement de leurs actes et consultations par l'Assurance maladie, ces spécialistes devraient réaliser des "consultations avancées (dans un hôpital local ou un centre de santé) régulières en zones sous-denses". Une proposition de loi visant à imposer le conventionnement sélectif aux médecins a d'ailleurs été déposée par plusieurs députés du groupe Nouvelle Gauche et sera débattue le 10 janvier prochain. "Dans un contexte de pénurie médicale, vouloir créer un goulot d’étranglement sur l’installation reviendrait à généraliser la pénurie. Les auteurs d’une telle mesure jouent aux apprentis sorciers !", s'indigne le SML dans un communiqué. Agnès Buzyn s'est à plusieurs reprises opposée à toute forme de coercition en matière de démographie médicale. Début décembre, elle répondait en ces termes au député Nouvelle Gauche à l'origine de la proposition de loi : "Les raisons sont que le conventionnement sélectif fonctionne pour les professions dynamiques, comme par exemple les infirmières. Aujourd'hui, il n'y a pas d'endroits en France où l'on peut imaginer qu'il y a trop de médecins. Et le conventionnement sélectif vise à déshabiller Paul pour habiller Jacques. Je souhaiterais savoir quel député ici considère qu'il a trop de médecins dans sa circonscription !", a indiqué la ministre sous les applaudissements des parlementaires. [Avec AFP]

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